marqueterie qui fait des tableaux avec des bois de couleur et qui n’est autre que de la peinture, les graffites sur les murs, les nielles, la gravure sur cuivre, les émaux des orfèvres, le damasquinage de l’or, la peinture des figures sur vitraux, les vases peints qui résistent à l’eau, le tissage des brocarts avec des figures et des fleurs, l’admirable invention des tapisseries, si grandiose et si commode, qui permet d’emporter ce genre de peinture avec soi, à la ville et à la campagne, sans oublier que dans tous les genres il faut toujours recourir au dessin qui est notre propriété, à nous autres peintres. Ainsi la peinture a plus de rameaux et plus utiles que la sculpture. Les peintres ne nient pas l’éternité des œuvres de sculpture, puisqu’on l’appelle ainsi, mais ils disent que ce n’est pas un privilège qui rende cet art plus noble qu’il ne soit de sa nature, puisqu’il tient simplement de la matière qu’il emploie. Que si la longueur de la vie donnait de la noblesse à l’âme, le pin parmi les plantes et le cerf parmi les animaux auraient une âme infiniment plus noble que celle de l’homme. D’ailleurs les peintres pourraient rivaliser d’éternité et de noblesse, quant à la matière, au moyen de leurs mosaïques dont on voit d’aussi antiques morceaux que les plus anciennes sculptures qui sont à Rome, et qui sont faites de pierres précieuses et de pierres fines. Quant à ce que les sculpteurs soient en petit ou en moindre nombre que les peintres, cela ne tient pas à ce que leur art demande une meilleure disposition du corps, et un plus grand jugement, mais tout simplement à la pauvreté de leurs biens, au peu de faveur ou à l’avarice, pour dire le mot, des personnes riches qui ne leur procurent pas de marbres et ne leur donnent pas occasion de travailler, comme on peut croire que cela arriva et qu’on le vit dans les temps anciens, où la sculpture parvint au plus haut point. Il est bien certain que celui-ci qui ne peut pas perdre ou jeter de côté une petite quantité de marbre ou de pierres dures, qui coûtent toujours fort cher, n’est pas à même de pratiquer cet art comme il convient ; qui ne le pratique pas ne l’apprend pas, et qui ne l’apprend pas ne peut pas bien faire. Pour cette raison on devrait plutôt excuser l’imperfection et le petit nombre des sculpteurs excellents que chercher à en déduire la noblesse, sous l’apparence d’une autre raison. Quant à la plus grande valeur des sculptures, les peintres disent que, leurs œuvres seraient-elles d’un moindre prix, ils n’ont pas à en partager le montant entre plusieurs, car ils se contentent d’un enfant pour broyer leurs couleurs, leur passer les pinceaux ou l’escabeau, ce qui coûte peu, tandis que les sculpteurs, outre la grande valeur de la matière qu’ils emploient, ont besoin de nombreux aides,
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