Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/293

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construire la façade de sa maison en pierre grise, faute de marbre, et en donna la direction à Niccolo, à charge de la faire dans le style tudesque [gothique] adopté pour le reste de l’édifice. Il la conduisit à bonne fin, avec l’aide de tailleurs de pierre, de Settignano, et sculpta lui-même, pour le demi-cintre du milieu, une Vierge portant l’Enfant Jésus et abritant sous son manteau, que des anges tiennent ouvert, le peuple d’Arezzo, en faveur duquel intercèdent San Laurentinio et San Pergentino, agenouillés[1]. Dans les deux niches, qui sont de chaque côté, il plaça deux statues, hautes de trois brasses, représentant saint Grégoire, pape, et San Donato, évêque et protecteur de la ville. Comme on peut le voir par ces œuvres, il avait déjà, dans sa jeunesse, fait, au-dessus de la porte de l’évêché, trois grandes figures en terre cuite[2], qui sont actuellement ruinées, en grande partie, par les intempéries, de même qu’un saint Luc, en pierre de macigno, fait par lui, àia même époque, et placé sur la façade de cet évêché. Il fit pareillement, en terre cuite, dans l’église paroissiale, une très belle figure de San Biagio[3], pour la chapelle de ce saint et, dans l’église de Sant’Antonio, saint Antoine également en terre cuite et en ronde-bosse, ainsi qu’un autre saint assis, au-dessus de la porte de l’hôpital de ce lieu[4].

Pendant qu’il y travaillait, ainsi qu’à d’autres œuvres analogues, les murs de Borgo San Sepolcro ayant été renversés par un tremblement de terre, il dressa un nouveau plan d’après lequel ils furent rebâtis plus sohdement qu’ils n’étaient auparavant. Aussi, continuant à travailler, tant à Arezzo que dans les pays environnants, Niccolo était tranquille et à l’aise, quand la guerre, souveraine ennemie des arts, le força de partir ; en effet, les fils de Piero Saccone ayant été chassés de Pietramala[5], et le château ayant été détruit jusqu’aux fondations, la ville d’Arezzo et tout le pays étaient sens dessus dessous.

Étant donc revenu à Florence où il avait déjà travaillé, il fit pour l’Œuvre du Dôme une statue en marbre, de quatre brasses de hauteur[6], qui fut posée à gauche de la porte principale. Dans cette statue,

  1. La décoration de cette façade existe encore ; restituée à Bernardo Rossellino, 1434.
  2. Représentant la Vierge, San Donato et saint Grégoire ; existent encore, ainsi que le saint Luc, mais en très mauvais état.
  3. N’existe plus.
  4. Ces deux saints existent encore.
  5. En 1384.
  6. Statue de saint Marc, actuellement dans l’abside, première chapelle à droite. La statue de saint Jean (première chapelle à gauche) fut commandée en 1408 à Donatello, et la même année, le saint Luc (deuxième chapelle à droite), à Nanni d’Antonio di Banco. La dernière statue devait être donnée à faire à celui des trois.