Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/308

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Les premières peintures de Paolo furent des fresques, dans une niche oblongue, tirée en perspective, dans l’hôpital del Lelmo[1], à savoir un saint Antoine, abbé, entre saint Cosme et saint Damien. À Annalnena, couvent de femmes[2], il peignit deux figures ; et à Santa Trinità, au-dessus de la porte de gauche et à l’intérieur de l’église, des fresques qui représentent saint François recevant les stigmates, saint François soutenant une église avec ses épaules, et sa rencontre avec saint Dominique. À Santa Maria Maggiore, dans la chapelle qui renferme le tableau de Masaccio, à côté de la porte latérale qui va à San Giovanni, il fit à fresque une Annonciation, où l’on remarque un édifice très bien en perspective. Dans le cloître de San Miniato, il représenta la vie des Saints-Pères, partie en grisailles, partie en couleurs ordinaires[3]. Dans ces compositions, il n’observa guère le principe de peindre les objets avec les couleurs qui leur sont appropriées, car il imagina de faire les champs en bleu, les cités en rouge et les édifices en diverses couleurs, selon qu’il crut les voir, ce qui est une erreur, parce que, si on a à figurer des objets en pierre, ils ne peuvent et ne doivent être peints d’une autre couleur que celle qu’elle a réellement. Il peignit ensuite au Carmine, dans la chapelle de saint Jérôme, appartenant à la famille Pugliesi, le parement de l’autel de saint Cosme et saint Damien[4], et dans la maison des Médicis, un tableau en détrempe représentant des animaux[5], pour lesquels il eut toujours un goût particulier et qu’il étudia de très près, pour arriver à bien les dessiner. Il avait chez lui des oiseaux, des chats, des chiens et toutes sortes d’animaux étranges, mais seulement en peinture et en dessin, car sa pauvreté l’empêchait de les avoir vivants, et comme il avait une prédilection toute spéciale pour les oiseaux, on l’appela Paolo Uccelli[6]. On lui donna à peindre différentes fresques dans le cloître de Santa Maria Novella[7]. Les premières sont celles que l’on voit, quand on passe de l’église dans le cloître[8] et représentant la Création du monde animal, avec un nombre considérable d’animaux terrestres, de poissons et d’oiseaux. Comme il était très original, il s’appliqua à bien rendre tous ces animaux ; on remarque, en particulier, la fureur des

  1. Qui s’élevait à la place où se trouve, depuis 1784, l’Académie des Beaux-Arts.
  2. Ce couvent n’existe plus.
  3. Ces premières œuvres n’existent plus, de même que le tableau de Masaccio.
  4. Peintures détruites, soit par le temps, soit par l’incendie de 1771.
  5. Tableau perdu.
  6. Lui-même s’appelle ainsi dans une déclaration de 1446.
  7. Appelé de Chiostro Verde, à cause de ces peintures en camaïeu.
  8. À gauche, par conséquent, côté est du cloître ; fresques en très mauvais état.