Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/323

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et ceux plus robustes des serviteurs, en sorte qu’il n’y a pas un coup de burin qui ne soit donné avec un très grand art. Ghiberti parut encore se surpasser lui-même dans la difficile représentation des bâtiments de la cinquième scène, dans laquelle on voit la naissance d’Isaac, celle de Jacob et d’Ésaü, Ésaü chassant pour exécuter la volonté de son père, enfin Jacob instruit par Rebecca et présentant à son père le chevreau cuit. Il a une peau autour du cou, tandis qu’Isaac le tâte et lui donne sa bénédiction. Ce panneau renferme des chiens très beaux et très naturels, outre les figures qui agissent comme Jacob, Isaac et Rebecca agissaient en réalité, quand ils étaient vivants.

Lorenzo, incité par l’étude de l’art, qui continuellement rendait ses travaux plus faciles, appliqua son esprit à la représention de sujets plus savants et plus difficiles à rendre. Sur le sixième panneau, il représenta Joseph descendu par ses frères dans une citerne, puis vendu par eux à des marchands, qui le donnent à Pharaon. Joseph explique ensuite le songe de la famine, les approvisionnements qu’il faut rassembler pour y remédier, ce qui fait que Pharaon comble Joseph d’honneurs. On voit pareillement Jacob envoyer ses fils chercher du grain en Egypte, Joseph les reconnaître et les renvoyer à leur père. Dans cette histoire, Lorenzo représenta un temple rond, mis en perspective avec une grande habileté. Ce temple renferme des figures dans diverses attitudes ; elles chargent du grain, de la farine sur des ânes remarquablement rendus. On voit ensuite le festin que Joseph offre à ses frères, la coupe d’or cachée dans le sac de Benjamin et retrouvée, Joseph qui reconnaît et embrasse ses frères. Cette histoire, à cause de tant de sentiments et d’événements différents, est regardée comme la plus digne de considération, la plus belle, comme ayant été la plus difficile à rendre de toute l’œuvre.

Vraiment Lorenzo, ayant un si beau génie et tant de grâce dans ce genre de travail, ne pouvait pas ne pas faire d’aussi belles figures, quand les compositions de si beaux sujets lui venaient à l’esprit. On s’en rend bien compte dans le septième panneau, où il représenta le Mont Sinaï. Sur son sommet. Moïse reçoit la loi de Dieu à genoux et avec respect. À mi-hauteur de la montagne, est Josué qui l’attend, avec tout le peuple sur pied, effrayé par le tonnerre, la foudre, et le tremblement de terre, dans des attitudes diverses, rendues avec une très grande habileté.

Il montra ensuite beaucoup de savoir et d’esprit dans le huitième panneau, sur lequel il représenta Josué marchant sur Jéricho, détournant le Jourdain et plantant les douze pavillons remplis par les douze