Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/325

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Dans le travail de réparer et de polir cette œuvre, Lorenzo se fit aider par plusieurs jeunes gens qui, plus tard, devinrent des maîtres excellents, tels que Filippo Brunelleschi, Masolino da Panicale, Niccolo Lamberti, orfèvres ; Farri Spinelli, Antonio Filarète, Paolo Uccello, Antonio del Follaiuolo, qui était encore tout jeune, et beaucoup d’autres qui, travaillant ensemble et se communiquant leurs impressions, comme cela se fait dans les ateliers, en retirèrent autant de profit que Lorenzo lui-même[1]. Outre la grande somme d’argent qu’il eut des Consuls, il reçut de la Seigneurie un grand domaine, voisin de la Badia di Settimo. Peu de temps après, il fut appelé, par la Seigneurie, à la suprême magistrature de la cité[2]. À cette occasion, les Florentins ne méritèrent pas tant d’être loués pour leur reconnaissance, qu’il faut les blâmer de s’être montrés parfois ingrats envers quelques autres de leurs concitoyens et des meilleurs.

Après cette œuvre extraordinaire, il composa l’ornementation en bronze[3] de la porte qui est vis-à-vis de la Misericordia et qui est due à Andrea Pisano. Mais il ne put terminer les merveilleux feuillages qu’il avait commencés, car la mort le frappa à l’improviste, quand il s’était décidé à refaire complètement la porte dont il avait déjà presque fini le modèle. Ce modèle est aujourd’hui perdu et je l’ai vu, étant tout jeune, au Borgo Allegri, avant que l’insouciance des descendants de Lorenzo ne l’ait laissé perdre.

Il eut un fils nommé Bonnacorso[4], qui termina l’œuvre d’ornementation laissée imparfaite par son père ; on peut considérer ce travail comme l’œuvre la plus rare et la plus merveilleuse qu’on puisse voir en bronze. Il ne put produire beaucoup, parce qu’il mourut jeune, mais il possédait le secret de couler ses œuvres de manière à les faire venir avec toute leur finesse et il savait fouiller le métal de la même manière qu’on remarque dans les œuvres de Lorenzo. Celui-ci laissa à ses héritiers, outre ses propres œuvres, quantité d’antiques en marbre et en bronze qu’il avait fait venir de Grèce à grands frais. Tous ces objets se sont perdus dans la suite, ou bien ont été vendus à Messer Giovanni Caddi, alors clerc de la Chambre. Bonnacorso eut un fils nommé Vettorio qui fit de la sculpture, mais avec peu de succès, parce qu’il ne mit jamais d’amour ni de sollicitude à ses œuvres, ne pensant qu’à dissiper la fortune et les

  1. Paolo Uccello est seul nommé dans les documents.
  2. Ce fait n’est pas prouvé ; son nom ne se trouve nulle part.
  3. Commandée en 1453.
  4. Erreur. Lire : Vittorio, qui fut père de Bonnacorso, 1417-1496. Bonnacorso suivit la même carrière ; né en 1451, il mourut en 1516.