Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/326

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autres choses que son père et son aïeul lui avaient laissées. Finalement allant à Ascoli pour être architecte du pape Paul III, il fut assassiné[1], une nuit, par un serviteur qui voulait le dévaliser, et ainsi s’éteignit sa famille[2], mais non la gloire de Lorenzo qui durera éternellement.

Pour revenir à Lorenzo, il s’occupa de diverses choses pendant sa vie[3], et fit de la peinture[4], particulièrement sur verre. On lui doit les œils-de-bœuf de la coupole de Santa Maria del Fiore, à l’exception d’un seul où Donato représenta le Couronnement de la Vierge. Il fit également les trois œils-de-bœuf qui se trouvent au-dessus de la porte principale, tous ceux qui ornent les chapelles et les tribunes de la même église et la rose de la façade antérieure de Santa Croce. À Arezzo, il peignit, pour Lazzaro di Feo di Baccio, riche marchand, une fenêtre de la grande chapelle, dans l’église paroissiale, sur laquelle il représenta le Couronnement de la Vierge et deux autres figures. Mais, comme il employa toujours des verres vénitiens, riches en couleurs, ses vitraux rendent obscurs les lieux où ils sont placés, plutôt qu’ils ne ménagent le jour.

Il fut adjoint à Brunellesco[5] pour la construction delà coupole de Santa Maria del Fiore, mais il n’y resta pas, comme nous le dirons dans la Vie de Filippo[6].

Il écrivit un traité en langue vulgaire, où il parle de choses diverses, mais si légèrement, que la lecture n’en est que de peu d’utilité. La seule bonne partie, à mon avis, est celle où, après avoir parlé de beaucoup de peintres anciens et particulièrement de ceux qui ont été cités par Pline, il fait une brève mention de Cimabue, de Giotto et des autres artistes de leur temps, pour en arriver à parler de lui avec complaisance et à décrire minutieusement, un à un, tous ses ouvrages. Au début, il fait croire que ce livre a été écrit par d’autres ; puis, oubliant cette supercherie et comme un homme qui savait mieux manier le crayon, le ciseau et couler le bronze, qu’écrire des ouvrages, il ne manque jamais de dire : Moi, je fis ; moi, je dis ; je faisais, je disais.

  1. Né en 1501, assassiné en 1542.
  2. Inexact. La famille de Ghiberti ne s’éteignit qu’à la fin du XVI° siècle.
  3. Immatriculé à l’Art des Tailleurs de pierre, le 20 décembre 1427.
  4. Inscrit à la Compagnie de Saint-Luc ou des peintres, en 1423 : Lorenzo di Bartolo, orafo, popolo di Sant’Ambrogio, 1423. Les vitraux, faits sur les dessins de Ghiberti, existent encore (sauf celui d’Arezzo).
  5. Le 16 avril 1420, avec Battista d’Antonio.
  6. En réalité, ce n’est que le 13 avril 1443 que Filippo fut nommé directeur à vie et sans collègue. — Le nom de Ghiberti se trouve pourtant, avec de fréquentes interruptions, jusqu’en juin 1446.