Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/331

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maintenant à Sant’Ambrogio de Florence, dans la chapelle qui est à côté de la porte conduisant au parloir des religieuses. Dans l’église San Niccolo, au delà de l’Arno, il y a sur la cloison transverse un tableau de la main de Masaccio, peint en détrempe[1], et sur lequel, outre la Vierge et l’Ange de l’Annonciation, on voit un édifice rempli de colonnes et très bien tiré en perspective. En effet, non seulement le dessin des lignes est parfait, mais encore le peintre fit fuir son bâtiment avec les couleurs, en sorte que peu à peu il se perd dans l’ombre : en cela Masaccio montra entendre parfaitement la perspective. Il peignit à fresque, sur un pilastre de la Badia, à Florence, face à l’un de ceux qui soutiennent l’arc du maître-autel, saint Yves de Bretagne, qu’il figura dans une niche[2], de manière que les pieds fussent vus en raccourcis par un spectateur placé plus bas. Comme cette disposition n’avait pas été aussi bien réussie par d’autres artistes, il en retira de grands éloges. Au-dessous du saint, sur une autre corniche, il représenta tout autour des veuves, des orphelins et des pauvres, secourus par ce saint dans leurs besoins.

Dans l’église de Santa Maria Novella, il fit, également à fresque, au delà de la cloison transverse et sur l’autel de saint Ignace, une Trinité, entre la Vierge et saint Jean l’Évangéliste qui contemplent le Christ crucifié[3]. Sur les côtés sont deux figures à genoux, qui représentent, autant qu’on peut en juger, ceux qui firent peindre cette fresque ; mais on les distingue mal, car ils ont été recouverts d’un ornement doré. Outre ces figures, ce qui est extraordinairement beau, c’est une voûte en demi-cintre, tracée en perspective et divisée en caissons ornés de rosaces, qui vont en diminuant, en sorte qu’on dirait que la voûte s’enfonce dans le mur. À Santa Maria Maggiore, près de la porte latérale qui conduit à San Giovanni, il fit le tableau d’une chapelle représentant la Vierge, entre sainte Catherine et saint Julien[4]; et sur la prédelle, la Nativité du Christ, entre un épisode de la vie de sainte Catherine et saint Julien tuant ses parents ; ces peintures présentent la simplicité et la vivacité qui lui étaient propres.

Dans l’église del Carmine, à Pise, il y a un tableau de Masaccio, à l’intérieur d’une chapelle du transept, qui représente la Vierge tenant son fils, aux pieds de laquelle quelques anges font de la

  1. Tableau perdu.
  2. Cette fresque n’existe plus.
  3. Cette fresque, qui existe encore, a été fixée au mur intérieur de la façade.
  4. Tableau perdu.