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cour[1], depuis les arcades jusqu’en haut, avec un nouvel ordre de fenêtres semblables à celles qu’il avait faites pour Cosme dans la cour du palais Médicis, et l’on couvrit les murailles de bossages pour y placer les lis d’or[2] qu’on y voit encore aujourd’hui. Michelozzo conduisit tous ces travaux avec beaucoup de célérité.

Au second étage pour donner quelque variété aux ouvertures, il pratiqua des œils-de-bœuf qui éclairent les salles, au-dessous desquelles est actuellement la salle des Deux-Cents. Le troisième étage, où habitait la Seigneurie et le gonfalonier, fut plus orné et disposé en chambres séparées, en file sur un corridor donnant du côté de San Pier Scherragio, tandis qu’auparavant les membres de la Seigneurie n’avaient qu’une seule et même chambre à coucher pour tous. Il y eut huit chambres pour eux et une plus grande pour le gonfalonier, donnant toutes sur le corridor dont les fenêtres s’ouvrent sur la cour. Il divisa le dernier étage en chambres commodes, destinées à la police, aux valets, aux hoquetons, aux musiciens, aux fifres, aux massiers, aux huissiers et aux hérauts. La galerie supérieure fut garnie d’une corniche sur la cour et on y établit un réservoir d’eau de pluie, destiné à alimenter plusieurs fontaines artificielles. Il restaura aussi la chapelle où l’on dit la messe et plusieurs pièces voisines dont il décora les plafonds de lis d’or sur fond d’azur. Tous les vieux plafonds furent refaits et les eaux des puits amenées avec une roue jusqu’au dernier étage. Une seule chose ne put être améliorée : c’est l’escalier public qui, dès le principe, fut mal entendu, mal placé, raide, étroit, obscur, avec des degrés en bois au-dessus du premier étage ; il les remplaça par des degrés de pierre jusqu’à l’étage habité par la Seigneurie.

À l’entrée de la cour, il construisit un perron circulaire, une porte avec des pilastres en pierre de taille, surmontés de beaux chapiteaux sculptés par lui-même, et d’une corniche double qu’il orna des armes de la ville[3]. Il pourvut les escaliers de deux sarrasines, en cas de tumulte, et, au sommet, il fit une porte que l’on appelait la Catena et qui était continuellement gardée par un hoqueton qui l’ouvrait ou la fermait, selon le commandement de ceux qui gouvernaient. Il arma d’énormes tirants de fer la tour du campanile qui s’était lézardée par le poids de la partie qui est en porte-à-faux sur les mâchi-

  1. En 1565, à l’occasion du mariage de François, qui fut ensuite grand-duc, avec Jeanne d’Autriche, cette cour fut garnie des ornements plastiques qu’on y voit maintenant.
  2. Supprimés en 1809 par le gouvernement français.
  3. Ces œuvres n’existent plus.