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et dessina le plan d’un hospice que Cosme fit élever à Jérusalem pour y loger les pèlerins qui vont visiter le tombeau du Christ. Pour la façade de Saint-Pierre de Rome, il envoya le dessin de six fenêtres que l’on fit en y mettant les armes de Cosme de Médicis ; trois ont été enlevées de nos jours et refaites par le pape Paul III, avec les armes des Farnèse.

Ayant appris qu’à Assise Santa Maria degli Angeli manquait d’eau, au grand dommage des fidèles qui s’y rendent au pardon du 1er août, Cosme y envoya Michelozzo qui conduisit des eaux, jaillissant à micôte de la montagne, à une fontaine couverte d’une belle et riche loggia soutenue par des colonnes qui portent les armes de Cosme. En même temps, Cosme lui fit faire, au couvent des moines de saint François, quelques embellissements, que Laurent le Magnifique augmenta plus tard, et paver le chemin qui monte de Santa Maria degli Angeli à la ville. Il ne quitta pas la région sans donner le plan de la vieille forteresse de Pérouse.

Finalement de retour à Florence, il bâtit, au coin des Tornaquinci, le palais de Giovanni Tornabuoni[1], entièrement semblable à celui qu’il avait construit pour Cosme, mais avec une façade ordinaire, sans bossages et sans la corniche supérieure.

Après la mort de Cosme, qui avait aimé Michelozzo autant que l’on peut aimer l’ami le plus cher, Pierre, son fils, lui fit construire, à San Miniato al Monte, la chapelle en marbre où est le crucifix[2] ; sur le demi-cintre de l’arc, au derrière de la chapelle, Michelozzo sculpta en bas-relief un faucon avec un diamant, qui sont les armes de Cosme, œuvre vraiment remarquable.

Pierre ayant ensuite résolu de faire construire tout en marbre la chapelle della Nunziata[3], dans l’église des Servi, voulut que Michelozzo, déjà vieux, lui en donnât son avis, parce qu’il aimait beaucoup son savoirfaire et qu’il savait combien il avait été dévoué à Cosme, son père. Cette chapelle fut donc exécutée, sous sa direction, par Pagno di Lapo Partigiani[4], sculpteur de Fiesole, qui retira une grande renommée de ce travail, outre d’autres restaurations qu’il yexécuta.

Filarète rapporte, dans le vingtième livre de son Traité, que Francesco Sforza, quatrième duc de Milan, donna à Cosme un palais de sa capi-

  1. Existe encore.
  2. Au milieu de l’église ; ce crucifix fut transporté, en 1671, à Santa Trinità.
  3. Commencée en 1461, avant la mort de Cosme. Ni Michelozzo, ni Portigiani ne sont nommés dans les livres du couvent. On y trouve le nom de Giovanni di Bettino.
  4. Son vrai nom est Portigiani.