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Andrea dal CASTAGNO di MUGELLO
et Domenico VINIZIANO
Peintres, le premier né en 1390 ( ?), mort en 1457 ; le second né en 1405 ( ?), mort en 1461

Andrea[1], né dans une petite maison de campagne, appelée II Castagno, du pays de Mugello et sur le territoire florentin, prit ce surnom quand il vint habiter Florence, ce qui arriva de la manière suivante. Étant resté orphelin de bonne heure, il fut recueilli par un de ses oncles, qui lui fit, pendant plusieurs années, garder ses troupeaux et ses pâturages, voyant que, grâce au caractère prompt et violent de son neveu, ses possessions étaient respectées. Telles étaient les occupations d’Andrea, quand, un jour, fuyant la pluie, il alla s’abriter dans une maison, où l’un de ces peintres de campagne, qui travaillent à vil prix, peignait un tabernacle pour un paysan. Andrea, qui n’avait jamais rien vu de semblable, et subitement émerveillé, considéra attentivement la manière de ce travail et il lui vint soudain un désir extrême et une envie démesurée de cet art, au point qu’il commença, sans retard, à dessiner avec du charbon et à graver avec la pointe de son couteau, sur les murs et sur les pierres, des animaux et des figures qui n’excitaient pas peu d’étonnement de la part de ceux qui les voyaient. Le bruit de cette nouvelle étude d’Andrea commença donc à courir parmi les paysans, et étant parvenu, pour son bonheur, aux oreilles d’un gentilhomme floretitin, nommé Bernadetto de Medici, qui avait des propriétés dans le pays, il voulut connaître cet enfant. Le voyant et l’entendant raisonner avec grande vivacité, il lui demanda s’il désirait devenir peintre. Andrea ayant répondu qu’il ne pouvait lui arriver chose plus agréable, ni qui lui plût davantage, Bernadetto l’emmena avec lui à Florence, pour le faire se perfectionner dans cet art et le plaça dans l’atelier de l’un des maîtres qui étaient alors le plus en réputation.

Andrea, s’étant donné tout entier aux études de la peinture, montra une grande intelligence pour eii résoudre les difficultés, particulièrement dans le dessin. On ne peut pas en dire autant de son coloris, lequel est âpre et cru et diminue grandement les qualités de ses

  1. Fils de Bartolommeo di Simone, petit propriétaire à Sant’ Andrea Linari, banlieue de Florence ; il est né en 1390, d’après la déclaration au Catasto de 1480. Il est inscrit à la matricule des peintres : Anno 1445, 30 maii, Andreas Bartholomei Simonis pictor populi Sancte Marie del Fiore.