Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/426

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couleur qu’on n’a pas encore pu trouver le pareil. Concurremment à Pisanello, Gentile da Fabriano, au-dessous de ces fresques, en peignit d’autres que Platina a mentionnées dans sa vie de Martin V. Il raconte que le pape ayant fait refaire le dallage de Saint-Jean de Latran, ainsi que le toit et le plafond, Gentile y peignit différentes choses[1] ; parmi d’autres peintures faites en camaïeu, il y a entre les fenêtres quelques Prophètes peints en clair-obscur, qui sont considérés comme la meilleure partie de toute l’œuvre.

Gentile fit une quantité de travaux à San Giovanni de Sienne, dans l’État d’Urbin, dans la Marche et particulièrement à Agobbio, où l’on voit encore quelques-unes de ses productions[2]. À Florence, dans la sacristie de Santa Trinità, il représenta, sur un tableau, l’histoire des Rois Mages et y introduisit son portrait au naturel[3]. À San Niccolo, près de la Porta a San Miniato, il fit, pour la famille des Quaratesi, le tableau du maître-autel qui, selon moi, est la meilleure des œuvres que j’ai vues de lui, car, sans parler de la Vierge et des saints qui l’entourent, on ne peut rien désirer de mieux que les sujets de lavie de saint Nicolas, traités en petites proportions, sur la prédelle[4]. À Santa Maria Nuova de Rome, au-dessus du tombeau du cardinal Adimari, florentin et archevêque de Pise[5] il représenta, dans un arc, la Vierge tenant l’Enfant Jésus, entre saint Benoît et saint Joseph[6], que le divin Michel-Ange estimait singulièrement ; il avait coutume de dire, en parlant de Gentile, qu’en peinture il avait la main semblable à son nom. À Pérouse, il fit un tableau[7] fort beau dans l’église San Domenico, et, à Sant’Agostino de Bari, on voit de lui un Christ tordu sur la croix, entre trois demi-figures fort belles, au-dessus de la porte du chœur[8].

Pour en revenir à Vittore Pisano, il avait un goût particulier pour

  1. De janvier à juillet 1427 ; Gentile avait 25 florins par mois. — Aucune de ces œuvres n’existe plus, Pisanello y peignit en 1481.
  2. Ibid.
  3. Actuellement, à l’Académie des Beaux-Arts, signé : OPVS. GENTILIS DE FABRIANO MCCCC.XX.III. MENSIS MII. — Une partie de la prédelle est au Louvre et représente la Présentation au temple. — Tableau commandé par Palla Strozzi et payé 150 livres.
  4. Les volets de ce tableau sont aux Offices ; la Vierge du milieu et la prédelle ont disparu.
  5. Ce tombeau est à côté de celui du pape Grégoire IX.
  6. Peinture détruite.
  7. Qui représente l’Adoration des Mages : actuellement à la Pinacothèque, attribution incertaine.
  8. Existe encore.