Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/428

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

perspective, de petits animaux et des oiseaux, aussi vifs et naturels qu’il est possible de l’imaginer.

Vittore fit en médailles quantité d’images de princes et d’autres personnages de son temps, d’après lesquelles on a depuis peint une foule de portraits. Monsignor Giovo, dans une lettre en italien[1] adressée au seigneur duc Cosme, s’exprime ainsi, en parlant de Vittore Pisano : « Celui-ci fut encore très habile dans les œuvres en bas-relief, genre de travail regardé comme très difficile par les artistes parce qu’il tient le milieu entre le plan de la peinture et la rondeur des statues. De plus, on voit de sa main quantité de médailles de grands princes, très estimées et du plus grand module, de la dimension de ce revers que le Guidi m’a envoyé, et qui porte un cheval armé. J’ai, entre autres, celle du roi Alphonse V, en cheveux longs, sur le revers de laquelle est un casque de capitaine ; celle du pape Martin, avec les armes de la maison Colonna pour revers, et celle du sultan Mahomet, qui prit Constantinople ; il est à cheval, vêtu à la turque, et tient un fouet à la main. Je possède encore un Sigismond Malatesta, avec le revers de Madonna Isotta d’Arimini ; un Niccolo Piccinino, la tête couvert d’un bonnet long, et le même revers du Guidi que je vous renvoie ; de plus, une très belle médaille de Jean Paléologue, empereur de Constantinople, avec ce bizarre chapeau à la grecque que les empereurs avaient coutume de porter. Cette dernière médaille fut faite par le dit Pisano, à Florence, au temps du concile du pape Eugène, auquel assista l’empereur ; elle a pour revers la croix du Christ soutenue par deux mains qui signifient l’Église grecque et l’Église latine, etc… »

Vittore fit en outre les médailles de Philippe de Médicis, archevêque de Pise ; de Braccio da Montone, de Giovan Galeazzo Visconti, de Carlo Malatesta, seigneur de Rimini ; de Giovanni Caracciolo, grand sénéchal de Naples ; de Borso et d’Ercole d’Esté, de maints autres seigneurs et hommes fameux dans les armes et dans les lettres. Finalement, étant devenu vieux, il passa à une meilleure vie.

Gentile, ayant exécuté de nombreux travaux à Citta di Castello, se comporta de telle manière, étant atteint de paralysie, qu’il ne produisit plus rien de bon. À la fin, accablé de vieillesse, il mourut à l’âge de 80 ans[2]


 

  1. Du 12 novembre 1551.
  2. Mort en 1428. (Archivio Storico dell’Arte, 1898.) Gentile, né à Fabriano, dans la Marca d’Ancona, inscrit à la Matricule des Peintres, à Florence, le 21 novembre 1422 ; Magister Gentilis Nicolai Johannis Massi de Fa-