Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/433

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peintures restaurées par lui[1]. Dans la même localité, il fit, pour les moines de Monte Oliveto, un crucifix[2] et d’autres peintures ; mais la meilleure œuvre qu’il fit à San Gimignano est, à Sant’Agostino, la décoration à fresque de la grande chapelle[3]. Elle représente l’histoire de saint Augustin, depuis sa conversion jusqu’à sa mort. Il entreprit encore quelques œuvres à Volterra, mais il n’est pas opportun d’en parler.

À l’époque où Benozzo travaillait à Rome, s’y trouvait un autre peintre, appelé Melozzo, originaire de Furli[4], que beaucoup de personnes, trompées par la conformité des noms et des temps, ont confondu à tort avec lui. Il s’appliqua surtout à l’étude des raccourcis, comme on peut le voir à Sant’Apostolo de Rome, dans la tribune du maître-autel, où il représenta dans une frise, en perspective, plusieurs personnages occupés à cueillir des grappes de raisin, auprès d’un tonneau : ces peintures ont beaucoup de bon. Son talent apparaît encore plus ouvertement dans son tableau de l’Ascension de Jésus-Christ au milieu d’un chœur d’anges[5]. La figure du Christ est si bien en raccourci, qu’elle semble percer la voûte. Il en est de même des anges qui volent à travers les airs, dans diverses positions. Ce tableau lui fut commandé par le cardinal Riario, neveu du pape Sixte IV, qui l’en récompensa richement.

Pour revenir à Benozzo, accablé d’années et de fatigues, il entra dans le repos éternel, à l’âge de soixante-dix-huit ans[6], à Pise, où il habita longtemps une petite maison qu’il avait achetée dans le quartier Carraia di San Francesco, et qu’il laissa à sa fille. Sa mort causa de vifs regrets dans toute la ville, et il fut honorablement enseveli dans le Campo Santo, avec une épitaphe qu’on peut lire encore, ainsi conçue : HIC TVMVLVS EST BENOTII FLORENTINI QVI PROXIME

  1. Une fresque de Lippo Memmi, restaurée par Benozzo en 1467, au Palais communal.
  2. Existe encore dans le cloître, daté 1466.
  3. Dix-sept fresques qui existent encore, l’une d’elles est signée… BENOTIUM. MCCCCLXV. — Commandées par Fra Domenico Strambi, qui s’illustra dans les universités de Paris et d’Oxford.
  4. Melozzo da Porli, 1438-1494.
  5. Actuellement, au Quirinal, 1472.
  6. Mort en 1498, d’après une déclaration au Catasto faite par sa fille Bartolommea en 1498. Le 19 janvier 1497, il avait estimé les fresques de Baldovinetti, dans la chapelle Gianfigliazzi de l’église Santa Trinità, concurremment avec Cosimo Rosselli, Pietro Perugino et Filippino Lippi. Il eut cinq fils et deux filles de son mariage avec Lena di Luca di Jacopo.