Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/432

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villes voisines, l’Histoire d’Abraham dans laquelle il faut admirer la représentation de passions diverses ; car, bien qu’il n’ait pas eu grande originalité dans le dessin de ses figures, il montra néanmoins un grand art dans le Sacrifice d’Isaac, où l’on voit un âne en raccourci, qui paraît se tourner de tous les côtés. Suit la Naissance de Moïse, avec tous les signes et prodiges qui apparurent jusqu’au moment où il tira d’Égypte son peuple, et le nourrit pendant tant d’années dans le désert. Il faut y ajouter toute l’histoire des Juifs, jusqu’à David et Salomon, son fils. Vraiment Benozzo montra dans ce travail un courage plus que grand, parce qu’une pareille entreprise aurait à juste titre épouvanté une légion de peintres, et lui seul la prit et la conduisit à bonne fin.

Dans toute cette œuvre sont répandus quantité de portraits d’après nature. J’ai reconnu, dans la Visite de la Reine de Saba à Salomon[1], Marsile Ficin, au milieu d’un groupe de prélats ; Argyropoulo, savant grec ; Batista Platina[2], enfin Benozzo lui-même, sous la figure d’un petit vieillard rasé, à cheval, la tête couverte d’un béret noir, dans le pli duquel est glissé un morceau de papier blanc destiné peut-être à recevoir son nom. Dans la même ville de Pise, pour les religieuses de San Benedetto a Ripa d’Arno, il peignit la vie de saint Benoît, et dans la compagnie des Florentins, qui était alors à la place actuelle du monastère de San Vito, le tableau d’autel et d’autres peintures[3].

Dans le Dôme, derrière le siège de l’archevêque, il peignit, sur un petit tableau en détrempe, un saint Thomas d’Aquin, entouré d’une foule de docteurs qui discutent sur ses œuvres[4]. Ce tableau est la plus finie et la meilleure de toutes les œuvres de Benozzo. À Santa Caterina, église des Frères Prêcheurs, il fit deux tableaux en détrempe, qui se reconnaissent parfaitement à la manière, un autre dans l’église San Niccolà, et deux à Santa Croce, hors de Pise[5].

Il peignit encore, quand il était très jeune, dans l’église paroissiale de San Gimignano, l’autel de saint Sébastien[6], au milieu de l’église, vis-à-vis de la grande chapelle ; dans la salle du Conseil sont différentes figures, dont les unes sont de sa main, et d’autres sont d’anciennes

  1. Cette fresque est presque complètement détruite.
  2. De son vrai nom Bartolommeo Platina.
  3. Ces peintures n’existent plus.
  4. Actuellement au Musée du Louvre.
  5. Ces différentes œuvres n’existent plus.
  6. Cette fresque existe encore, peinte en 1465 signée DIE XVII IANVARII M.CCCCLXV. BENOTINVS FLORENTINVS PINXIT ; Benozzo avait alors quarante-cinq ans.