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Statues en marbre, grandes comme nature, représentant saint Pierre et saint Paul[1], travaillées avec grâce et grande habileté professionnelle. Il était d’humeur mélancolique, ami de la solitude, et se tenait toujours en réflexion, ce qui avança peut-être l’instant de sa mort, car il mourut à l’âge de cinquante-huit ans[2]. Ses productions datent de l’an 1482 environ.


 

Antonio et Bernardo ROSSELLINO
Florentins ; le premier, sculpteur, né en 1427, mort vers 1479 ; le second son frère, sculpteur et architecte, né en 1409, mort en 1464.

Antonio[3] fut appelé il Rossellino dal Proconsolo parce qu’il eut toujours son atelier dans un endroit que l’on appelle ainsi à Florence. Il fut si doux et si délicat dans ses œuvres, sa manière est si fine et d’une si parfaite netteté qu’on peut l’appeler vraiment la manière moderne. Dans le palais Médicis, il fit la fontaine de marbre[4] qui est dans la deuxième cour ; on y remarque des enfants molestant des dauphins qui lancent de l’eau. Cette fontaine est remplie de grâce et d’un travail achevé. À Santa Croce, près du bénitier, il exécuta le tombeau de Francesco Nori[5] et, au-dessus, une Madone en bas-relief. On lui doit encore la Madone qui est dans la maison des Tornabuoni et beaucoup d’autres ouvrages qui sortirent d’Italie, entre autres un tombeau de marbre qu’il envoya à Lyon[6].

À San Miniato al Monte, couvent des Frères Blancs, hors des murs de Florence, on lui fit faire le tombeau du cardinal de Portogallo[7] ; ce monument fut conduit par lui avec un art et un soin vraiment merveilleux, et aucun artiste ne peut imaginer voir jamais une œuvre qui puisse le surpasser en grâce et en fini, de quelque manière que ce soit. On y voit quelques anges qui ont tant de grâce et de beauté dans leurs visages et leurs draperies qu’on ne les croirait pas en marbre, mais

  1. Existent encore, 1458-1460, signées opvs lavrentii pétri pictoris.
  2. Mort le 6 juin 1480, et enterré à l’Hôpital. Il est inscrit au rôle des peintres siennois en 1428.
  3. Né à Settignano, fils de Matteo Gamberelli, né en 1427, d’après sa déclaration de 1457.
  4. C’est peut-être celle de la villa royale de Castello.
  5. En face du tombeau de Michel-Ange.
  6. Sculptures inconnues.
  7. Commandé en 1461, par l’évêque Alvaro, pour le prix de 426 florins d’or ; le cardinal était mort en 1459.