Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/437

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absolument vivants. L’un d’eux tient la couronne virginale du cardinal, qui, assure-t-on, mourut vierge ; l’autre, la palme, emblème de la victoire qu’il remporta sur les passions du monde. Entre autres détails remarquables, il y a un arc en pierre de macigno qui soutient un rideau en marbre enroulé d’une telle vérité qu’entre le blanc du marbre et le gris de la pierre il paraît plutôt semblable à une véritable draperie qu’à du marbre. Sur le sarcophage sont des enfants vraiment admirables et la statue du mort, avec une Vierge dans un médaillon, parfaitement exécutée. Ce tombeau fut mis en place l’an 1459 ; sa forme et l’architecture de la chapelle plurent tellement au duc de Malfi, neveu de Pie II, qu’il chargea Antonio d’en reproduire à Naples, pour sa femme, un autre exactement semblable[1], à l’exception de la statue du cardinal. Dans la même ville, il sculpta un bas-relief représentant la Nativité du Christ[2]; la cabane est surmontée d’un chœur d’anges qui chantent, la bouche ouverte ; on voit qu’au souffle près, Antonio leur donna le mouvement et le sentiment, avec toute la grâce et la délicatesse que peuvent imprimer dans le marbre le génie et la pratique. Aussi ses œuvres ont-elles été tenues en haute estime par Michel-Ange et les autres grands artistes d’à présent.

Dans l’église paroissiale d’Empoli, il fit en marbre un saint Sébastien[3] que l’on considère comme une œuvre admirable. Antonio mourut[4] à Florence, à l’âge de 46 ans, laissant un frère nommé Bernardo, qui fut architecte et sculpteur, et fit à Santa Croce le tombeau en marbre[5] de Messer Leonardo Bruni d’Arezzo, qui écrivit l’histoire de Florence. Il fut très estimé du pape Nicolas V qui l’employa pour une quantité de constructions, pendant son pontificat, et qui lui aurait encore plus demandé si la mort ne l’avait arrêté[6]. Il lui fit refaire la place de Fabriano, l’année qu’il y séjourna plusieurs mois, à cause de la peste ; comme elle était étroite et irrégulière, Bernardo l’agrandit et lui donna une meilleure forme en construisant autour une série de boutiques aussi belles que commodes. Il restaura ensuite et refit, dans cette ville, les fondations de l’église San Francesco,

  1. En place, dans l’église de Monte Olivete : terminé après la mort d’Antonio par Benedetto de Maiano.
  2. Existe encore, dans l’église Santa Maria di Monte.
  3. Existe encore.
  4. Mentionnée pour la dernière fois en 1478.
  5. Existe encore.
  6. Nicolas V mourut le 23 mars 1455.