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MINO da FIESOLE
Né en 1431, mort en 1484


Mino[1], sculpteur de Fiesole, avait l’esprit apte à faire tout ce qu’il voulait ; mais amoureux de la manière de Desiderio da Settignano, son maître, à cause de la grâce que celui-ci donnait à ses figures de femmes et d’enfants et qui lui sembla supérieure à la nature, il resta toujours en arrière de celle-ci, ne cherchant pas et considérant comme superflu de se rapprocher des choses naturelles qu’il jugeait inutiles. Aussi, fut-il plus gracieux que profond dans son art.

Sur la montagne donc de Fiesole, cité très ancienne, voisine de Florence, naquit Mino di Giovanni, sculpteur. Placé auprès de Desiderio da Settignano, jeune homme excellent dans la sculpture, pour y apprendre l’art de tailler les pierres, comme y ayant de l’inclination, tout en se livrant à ce métier, il s’exerçait à modeler, en terre, les objets que Desiderio avait sculptés en marbre et il les faisait si semblables que son maître, le jugeant apte à faire des progrès, s’occupa particulièrement de lui et le mit à travailler, en marbre, sur ses propres œuvres. Dans ce travail. Mino faisait toujours extrêmement attention à conserver la ressemblance. Ses progrès furent très rapides et, comme il était en train de devenir tout à fait habile, son malheur voulut que Desiderio passât à une meilleure vie. Cette perte fut d’un grand dommage pour Mino qui, comme désespéré, quitta Florence et s’en alla à Rome, où il aida des maîtres à sculpter, en marbre, des tombeaux de cardinaux qui, après avoir été longtemps dans l’église de Saint-Pierre, ont été jetés à terre, pour la nouvelle construction. Il fut alors reconnu pour un maître très habile ; le cardinal Jérôme d’Estouteville, auquel sa manière plaisait, le chargea d’élever, à Sainte-Marie-Majeure, l’autel en marbre où se trouve le corps de saint Jérôme et de l’orner de basreliefs, représentant divers traits de la vie de ce saint[2], travail qu’il exécuta à la perfection et dans lequel il introduisit le portrait du cardinal.

À cette époque, le pape Paul II, Vénitien, faisant construire son palais de San Marco, employa Mino à sculpter quelques armoiries.

  1. Di Giovanni di Mino, né à Poppi en 1481 [déclaration au Castato de 1470] ; inscrit à la matricule des maîtres en pierre et en bois, le 15 juillet 1464 : Minus Johannis Mini de Pupio, habitator in populo Sancte Marie in campo intagliator.
  2. Ces bas-reliefs n’existent plus.