Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/468

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Dans le cinquième compartiment, on voit arriver les Mages à Bethléem, avec un grand nombre d’hommes, de chevaux et de dromadaires.

Le suivant, qui est le sixième, représente la cruauté d’Hérode envers les Innocents, où l’on voit une remarquable mêlée de femmes, de soldats et de chevaux, qui les heurtent et les frappent. En vérité, de toutes les peintures de Domenico dans cette chapelle, celle-ci est la meilleure ; elle est exécutée avec jugement et un grand art. On y reconnaît la dureté impie de ceux qui, commandés par Hérode, sans faire attention aux mères, tuent ces pauvres petits enfants ; l’un d’eux, encore attaché à la mamelle, meurt des blessures qu’il a reçues à la gorge, en tétant non moins de sang que de lait, peinture vraiment naturelle et capable de faire revivre la pitié là où elle serait morte. Il y a encore un soldat qui a enlevé de force un enfant et, tandis qu’il le serre en courant et s’apprête à l’égorger, il est saisi aux cheveux par la mère qui le tient avec rage ; il a l’échiné courbée en arc, et l’on peut voir en eux trois beaux effets ; la mort de l’enfant qui est étouffé, la fureur du soldat qui, se sentant arrêté si violemment, se venge sur l’enfant, enfin la mère qui, voyant la mort de son fils, pleine de rage et de douleur, s’efforce de ne pas laisser partir le misérable sans châtiment. Toutes ces passions sont rendues plutôt en philosophe qu’en peintre, et montrent au connaisseur que Domenico était certes excellent à son époque.

Dans le septième compartiment, qui a double largeur et forme lunette, sous l’arc de la voûte, on voit la mort de la Vierge et son Assomption, avec un grand nombre d’anges, de figures, de paysages et d’autres ornements, que Domenico excellait à produire abondamment, dans sa manière facile et pratique.

Sur l’autre paroi, où sont les histoires de saint Jean, dans le premier compartiment, tandis que Zaccharie sacrifie au temple, l’ange lui apparaît et le frappe de mutisme pour le punir de son incrédulité. Pour montrer qu’aux sacrifices de tous les temps assistent toujours les personnes les plus notables, et pour rendre son histoire plus remarquable, Domenico y représenta un bon nombre de citoyens de Florence qui gouvernaient cet État, et, entre autres, tous les Tornabuoni, jeunes et vieux. En outre, pour montrer que son époque était riche en toute sorte de mérites, et particulièrement dans les lettres, il y plaça quatre personnages à mi-corps, réunis et causant, au bas de la composition, qui ne sont autres que les hommes les plus instruits qui vivaient alors à Florence. Le premier, revêtu d’un habit de chanoine, est Messer Marsile Ficin ; le second, couvert d’un manteau rouge et le cou entouré d’un ruban noir, est Cristofano Landino ; le troisième est Démétrius de