Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/471

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que personne ne s’en allât mécontent de chez lui. Il se plaignait quand il avait ci s’occuper de choses domestiques, et, pour cela, il avait chargé son frère David de veiller au soin de sa maison. Il lui disait : « Laisse-moi travailler, veille à nos affaires : maintenant que je commence à connaître la mode de cet art, je regrette que l’on ne m’ait point donné le circuit des murs de Florence à couvrir de peintures. » Il montrait ainsi un courage invincible et un esprit résolu dans toutes ses actions. À Lucques, il exécuta un tableau renfermant un saint Pierre et un saint Paul, dans l’église San Martino[1], et, hors de Florence, à la Badia de Settimo, deux tableaux en détrempe, dans le transept de l’église, dont il couvrit de fresques la paroi de la grande chapelle[2]. À Florence, il peignit un grand nombre de tableaux ronds[3], carrés et d’œuvres diverses qu’on ne peut voir, car elles sont dans des maisons particulières. À Pise, il peignit, entre autres choses, la niche du maître-autel de la cathédrale et la façade de l’Œuvre, où il représenta le roi Charles recommandant la ville de Pise[4]. À San Girolamo, église des jésuites[5], il fit deux tableaux en détrempe, celui du maître-autel et un autre. Dans le même endroit, il y a encore de sa main un tableau renfermant saint Roch et saint Sébastien, qui fut donné aux pères par je ne sais quel membre de la famille Médicis ; aussi y ont-ils ajouté les armes du pape Léon X[6].

On dit que, lorsqu’il étudiait les antiquités de Rome, arcs, thermes, colonnes, obélisques, amphithéâtres et aqueducs, il les dessinait si justes, sans règle ni compas et sans les mesurer, que, lorsqu’on mesurait ensuite ses dessins, on les trouvait parfaitement exacts. Reproduisant ainsi à l’œil le Colisée, il plaça une figure debout au bas, dont la mesure donnait exactement celle de l’édifice ; après sa mort, différents maîtres vérifièrent ce fait sur son propre dessin.

Il fit, dans le cimetière de Santa Maria Nuova, au-dessus d’une porte, un saint Michel à fresque[7], en armes et très beau, avec des réverbérations de lumière sur l’armure, chose qui était peu usitée avant lui. À la Badia de Passignano, occupée par des moines de Vallombrosa, il peignit

  1. Actuellement dans la sacristie.
  2. Ces differentes peintures n’existent plus.
  3. Une Adoration des Mages, datée 1492, aux Offices ; un tableau analogue dans le palais Pitti.
  4. Ces peintures sont détruites, ou peu s’en faut.
  5. Église supprimée ; les deux tableaux sont dans l’église Sant’Anna et représentent des Vierges tenant l’Enfant Jésus, entre différents saints.
  6. Également à Sant’Anna.
  7. N’existe plus.