Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/477

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ensuite, sur toile, un Crucifix avec saint Antonin[1], qui est placé dans la chapelle de ce saint, à San Marco. Dans le palais de la Seigneurie de Florence, il fit un saint Jean-Baptiste[2], à la porte della Catena et dans la maison des Médicis, pour Laurent l’Ancien, trois tableaux représentant des Hercules, hauts de cinq brasses, étouffant Antée, tuant le lion et abattant l’hydre[3]. Pour la Compagnia di Sant’Angelo, à Arezzo, il fit, d’un côté, un Crucifix et de l’autre, sur une toile peinte à l’huile, un saint Michel combattant avec le dragon[4]; c’est vraiment une œuvre merveilleuse.

Il s’entendait à rendre les nus d’une manière plus moderne que tous les autres peintres qui l’avaient précédé. Il écorcha quantité de cadavres pour voir leur anatomie intérieure, et il fut le premier à montrer la manière de rechercher les muscles qui ont une forme et apparaissent dans les figures. De plusieurs figures nues, entourées d’une chaîne, il composa et grava sur cuivre une Bataille[5] et, après cette gravure, il fit encore d’autres estampes d’une meilleure intaille que toutes celles des maîtres qui avaient travaillé avant lui.

Étant donc devenu célèbre entre les artistes, et le pape Sixte IV étant mort[6], il fut appelé à Rome par Innocent, son successeur[7], qui lui fit faire en métal son tombeau. Ce monument[8], sur lequel il représenta le pape Innocent assis, dans la pose où il se tenait quand il donnait sa bénédiction, fut placé à Saint-Pierre, à côté de la chapelle où l’on conserve la lance du Christ. Antonio est également l’auteur du tombeau de Sixte IV qui, terminé avec une énorme dépense, fut placé au milieu de la chapelle qui porte le nom de ce pape[9], avec une riche ornementation et complètement isolé : il est surmonté de la statue couchée, très bien exécutée. On dit qu’il dessina pour Innocent les plans du palais du Belvédère, qui fut élevé par d’autres, parce qu’il n’avait pas beaucoup de pratique de la construction.

Finalement, étant devenus riches, les deux frères moururent en 1498, peu de temps l’un après l’autre, et furent ensevelis par leurs parents

  1. N'existe plus
  2. Ibid.
  3. Deux petits tableaux analogues aux Offices.
  4. N’existe plus.
  5. Seule estampe signée : OPUS ANTONII POLLAJOLI FLORENTINI. On lui attribue encore deux autres estampes.
  6. En 1484.
  7. Qui mourut en 1492.
  8. Dans la chapelle della Concezione.
  9. Chapelle del Sacramento ; tombeau signé et daté 1498.