Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/478

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans l’église San Piero in Vincula. Leur tombeau est à côté de la porte du milieu, à main gauche en entrant dans l’église ; il porte leurs deux portraits dans des médaillons en marbre, avec une épitaphe[1].

Antonio fit un bas-relief en métal, très beau, qui représente une bataille de figures nues et qui fut envoyé en Espagne[2]; il y en a un moulage en plâtre, à Florence, auprès de tous les artistes. Après sa mort on trouva le dessin et le modèle[3] qu’il avait faits, sur la demande de Lodovico Sforza, pour la statue équestre de Francesco Sforza, duc de Milan. Nous avons de ce dessin deux tracés différents : sur l’un, le cavalier a au-dessous de lui Vérone, sur l’autre[4], tout armé et sur un soubassement orné de batailles, il fait sauter son cheval par dessus un homme armé. Je n’ai pas pu savoir pour quelle raison ces dessins n’ont pas été mis à exécution. Il fit aussi quelques médailles très belles, entre autres celle de la conjuration des Pazzi, sur laquelle il y a les têtes de Laurent et de Julien de Médicis et, sur le revers, le chœur de Santa Maria del Fiore, avec tout l’événement exactement comme il arriva[5]. Pareillement, il fit les médailles de quelques pontifes et d’autres œuvres bien connues des artistes.

Antonio avait soixante-deux ans lorsqu’il mourut et son frère Piero soixante-cinq ans. Parmi ses nombreux élèves, on compte Andrea Sansovino. Il eut dans son temps une vie très heureuse, ayant rencontré des papes riches, et sa patrie étant alors à l’apogée de sa fortune et se plaisant à honorer le mérite. Aussi fut-il très estimé et, s’il avait eu des temps contraires, peut-être n’aurait-il pas eu les mêmes résultats fructueux ; les révolutions sont, en effet, ennemies des sciences que cultivent les hommes et auxquelles ils prennent de l’intérêt.

On fit sur ses dessins, pour San Giovanni de Florence, deux dalmatiques, une chasuble et une chape de brocart, tissées d’un seul morceau, sans aucune couture[6]. Divers traits de la vie de saint Jean forment la bordure et les ornements, et furent divinement brodés par Paolo de Vérone[7], le plus habile artiste en ce genre. Il rendit les figures avec

  1. Ce tombeau existe encore. — Antonio fait son testament le 4 novembre 1496 ; il y dit que son frère était déjà mort. Antonio mourut le 4 février 1498, à 67 ans ; Piero avait probablement 53 ans au moment de sa mort.
  2. Bas-relief inconnu.
  3. Actuellement perdus.
  4. Actuellement au cabinet des estampes de Munich.
  5. Cette description n’est pas tout à fait exacte. Sur chaque face de la médaille, il y a une des deux têtes et au-dessous la représentation de l’événement.
  6. Quelques-unes de ces broderies sont conservées sous verre, dans la sacristie de San Giovanni.
  7. Paolo di Bartolommeo di Manfredi, de Vérone.