Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/483

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sa vie, ainsi que ses amis et nombre de gens de bien affectionnés à son mérite, il serait presque mort de faim. On voit de sa main, à San Francesco, hors de la porta a San Miniato, un tableau rond représentant la Vierge et quelques anges de grandeur naturelle[1], qui fut estimé une œuvre admirable.

Sandro avait un caractère agréable et se plaisait à jouer des tours à ses élèves et à ses amis. On dit aussi qu’il portait une vive amitié à tous ceux qu’il reconnut être studieux dans l’art, et qu’il gagna beaucoup d’argent, mais qu’il perdit tout, soit par insouciance, soit par une mauvaise gestion de ses affaires. Finalement, étant devenu vieux et ne produisant plus, ne pouvant plus marcher qu’à l’aide de deux béquilles, parce qu’il ne se tenait plus droit, il mourut[2], infirme et décrépit, à l’âge de soixante-dix-huit ans, et fut enterré, l’an 1515, à Ognissanti de Florence.

Dans la garde-robe du duc Cosme, on voit de sa main deux têtes de femmes, de profil, très belles, dont l’une[3] est, dit-on, la maîtresse de Giuliano de Médicis, frère de Laurent, et l’autre Madonna Lucrezia de Tornabuoni, femme de Laurent[4]. Dans le même endroit il y a également de la main de Sandro un Bacchus qui, levant avec les deux mains un petit baril, le porte à sa bouche[5]; c’est une figure très gracieuse. À Pise, dans la chapelle dell’Impagliata du Dôme il commença une Assomption avec un chœur d’anges ; mais comme elle ne lui plaisait pas, il la laissa inachevée. Il fit le tableau du maîtreautel, à San Francesco de’ Montevarchi[6], et, dans l’église paroissiale d’Empoli, deux anges[7], du côté où est le saint Sébastien de Rossellino. Il fut un des premiers qui trouvèrent la manière de décorer les drapeaux et autres draperies, qu’on appelle le joint, parce que les couleurs ne s’effacent pas et qu’on voit des deux côtés la couleur de l’étoffe, On voit ainsi, fait de sa main, le baldaquin d’Or San Michele[8], plein de Vierges toutes variées et fort belles, ce qui

  1. Deux tableaux analogues sont aux Offices et au Musée du Louvre.
  2. Le 17 mai 1510, d’après le Livre des Morts de Florence. La même année 1310, son père avait acquis un tombeau de famille à Ognissanti, surmonté de ses armes et avec l’inscription S [sepolcro] di Mariano Filipepi e suor. anno 1510.
  3. Portrait de la Simonetta. Ce tableau est au palais Pitti, un autre à Berlin, un troisième à Chantilly. Quel est le véritable ?
  4. Femme de Piero et mère de Laurent. Ce tableau est au Musée de Berlin.
  5. Tableau perdu.
  6. Tableau inconnu.
  7. Existent encore.
  8. N’existe plus.