Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/484

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

montre combien ce procédé conserve mieux l’étoffe que ne le font les mordants, qui la coupent et lui enlèvent de la durée ; et pourtant le mordant est actuellement bien plus usité qu’autre chose, parce qu’il coûte moins cher.

Sandro dessinait bien, et tellement au-dessus de l’ordinaire que, longtemps après sa mort, les artistes s’ingénièrent pour se procurer de ses dessins. Il remplissait ses peintures de nombreuses figures, comme on peut le voir dans les broderies de la garniture de la croix que les Frères de Santa Maria Novella portent en procession, et qui ont été faites sur son dessin. Il mérita donc de grands éloges pour toutes les peintures qu’il fit, et dans lesquelles il voulut mettre autant de soin que d’amour. C’est ainsi qu’il exécuta le tableau précité des Mages, de Santa Maria Novella, qui est merveilleux. Aussi beau est un petit tableau rond[1] de sa main, qu’on voit dans la chambre du prieur degli Angeli, à Florence, tableau rempli de figures petites, mais gracieuses, et faites avec de belles considérations. De la même grandeur que le tableau des Mages et de sa main est un tableau que possède Messer Fabio Segni, gentilhomme florentin, et qui représente la Calomnie d’Apelles ; il est aussi beau qu’il soit possible, et il le donna lui-même à Antonio Segni, son intime ami[2].



 

Benedetto da MAIANO
Sculpteur et architecte florentin, né en 1442, mort en 1497

Benedetto[3] da Maiano, sculpteur florentin, pratiquant dans ses premières années la décoration en bois sculpté, fut regardé dans ce métier comme le maître le plus habile à manier les outils. En particulier, il fut artiste parfait dans ce genre, mis en usage du temps de Filippo Brunelleschi et de Paolo Uccello, de réunir des bois teintés de diverses couleurs et d’en composer des perspectives, des feuillages et d’autres fantaisies, comme on peut le voir dans toutes les armoires de la sacristie de Santa Maria del Fiore, dont il acheva la plus grande partie après la mort de son oncle Giuliano[4], et qu’il couvrit de

  1. Tableau inconnu
  2. Tableau de petites dimensions, actuellement aux Offices
  3. Frère cadet de Giuliano da Maiano.
  4. Son frère aîné ; ces armoires sont encore en place.