Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/491

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monument, comme nous l’avons dit ailleurs. Andrea sculpta encore sur une plaque de marbre la demi-figure d’une Vierge tenant l’Enfant Jésus en demi-relief[1], qui était autrefois dans le palais Médicis et qui est aujourd’hui au-dessus d’une porte de la chambre de la duchesse de Florence. Il fit, en bronze, deux têtes, l’une d’Alexandre le Grand, de profil, et l’autre de Darius, toute de fantaisie. Ces demi-reliefs, très différents pour le casque, l’armure et toute chose, furent envoyés par Laurent le Magnifique, avec beaucoup d’autres œuvres, à Mathias Corvin, roi de Hongrie[2].

Ayant acquis par ces travaux la réputation d’un maître excellent, particulièrement dans le travail du métal, auquel il se plaisait beaucoup, il fit, à San Lorenzo, le tombeau isolé en bronze de Giovanni et de Piero, fils de Cosme de Médicis[3]. C’est une caisse en porphyre, soutenue par quatre pieds en bronze, avec des feuillages enroulés d’un travail précieux, qui est placée entre la chapelle del Sagramento et la sacristie. Il montra en même temps son talent pour l’architecture, en plaçant ce tombeau dans l’ouverture d’une fenêtre large de cinq brasses et haute de dix environ, et sur un soubassement qui sépare la chapelle del Sagramento de la vieille sacristie. Au dessus de la caisse, pour remplir le vide de la fenêtre jusqu’à la voûte, il plaça une grille à losanges, en cordonnets de bronze très naturels et enrichis sur certains points de festons et d’autres belles fantaisies. Donatello ayant fait, pour le Tribunal des Six della Mercanzia, le tabernacle, en marbre, qui est à Or San Michele, face à l’Oratoire de San Michele, on résolut d’y placer un saint Thomas, en bronze, mettant le doigt dans la plaie du Christ. Ce projet resta longtemps sans exécution parce que, de ceux qui en avaient la direction, les uns voulaient en charger Donatello, d’autres Lorenzo Ghiberti, et il en fut ainsi tant que vécurent ces deux artistes. Finalement, ces deux statues furent allouées à Andrea[4] qui, ayant fait les modèles et les formes, les coula ; elles vinrent si entières et si nettes, que ce fut vraiment une très belle fonte. Il se mit de suite à les réparer, à les terminer et il les amena à une telle perfection que l’on ne saurait rien désirer de mieux. On distingue dans saint Thomas, son incrédulité et son trop grand désir de s’assurer du fait, en même temps que l’amour qui lui fait mettre, d’un beau geste, la main au

  1. Au Musée National.
  2. Ces œuvres ont disparu.
  3. Tombeau en place, commandé par Laurent le Magnifique et son frère. Piero et Giovanni y furent déposés en 1472, puis, en 1559, Laurent le Magnifique et Julien, son frère.
  4. Vers 1478. Terminées en 1483 et payées 800 florins larges. — En place.