Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/72

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peintures. Il convient, en outre, que les figures aillent en diminuant de hauteur proportionnellement à leur éloignement, en sorte que le relief des dernières soit peu accusé, et que les figures soient petites. Aussi, et pour l’harmonie qui doit régner dans l’œuvre, est-il difficile de donner une grande perfection aux figures, et de les traiter de manière à ménager les raccourcis voulus des pieds et des têtes. Il est nécessaire que l’artiste ait un dessin extrêmement soigné, pour faire éclater sa valeur dans de pareilles difficultés. Cette perfection est aussi indispensable aux œuvres exécutées en terre ou en cire, qu’à celles en bronze ou en marbre. Toutes les œuvres de demi-relief, qui offriront les qualités que je viens d’indiquer seront admirées, et recevront des éloges, de la part des artistes connaisseurs.

La deuxième espèce de sculptures, que l’on appelle bas-reliefs, est de moindre relief que la précédente, et ils sont généralement confondus, au moins pour une bonne moitié, avec les autres. On peut y représenter avec discernement les plans, les édifices, les perspectives, les escaliers et les paysages, comme nous le voyons sur les tribunes de bronze de San Lorenzo, à Florence, et dans toutes les œuvres analogues de Donato, lequel, dans ce genre, exécuta des œuvres vraiment divines, très exactes d’observation. Ces bas-reliefs se présentent à l’œil, aisés, sans erreurs ni barbarismes, parce que leur saillie n’est pas suffisante pour être la cause d’erreurs et provoquer le blâme.

La troisième espèce de sculptures n’offre qu’un très faible relief ; on l’appelle des reliefs effacés et ils ne sont juste que le contour un peu apparent de la figure. C’est un travail difficile, vu qu’il faut beaucoup de dessin et d’invention, et qu’il s’agit avant tout de contours. Dans ce genre encore. Donato travailla mieux que n’importe quel artiste, et fit preuve d’art, de dessin et d’invention. On voit aussi de semblables figures, ainsi que des masques et d’autres sujets antiques, sur les anciens vases arétins, sur les camées anciens, sur les monnaies, et sur les coins destinés à frapper des médailles. Ce procédé fut employé, parce que, si le relief avait été trop accusé, on n’aurait rien pu frapper ; l’empreinte ne serait pas venue au coup de marteau, tandis qu’avec un faible relief la matière à frapper remplit aisément les creux du coin. Nous avons vu dans ce genre quantité d’artistes modernes qui y ont excellé, et encore plus les Anciens, comme nous le dirons plus tard et avec plus de détails, dans les Vies de ces Artistes. De fait, celui qui saura reconnaître dans les demi-reliefs la perfection des figures mises exactement en perspective, dans les bas-reliefs, la bonté du dessin,