Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/116

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ayant donc baisé les pieds, revint à Florence, dans le temps même où Pise était environnée et assiégée par l’armée florentine. Il ne fut pas plutôt arrivé que Piero Soderini, après l’avoir gracieusement accueilli, l’envoya au camp pour aider les commissaires qui ne pouvaient empêcher les Pisans de ravitailler leur place au moyen de l’Arno. Giuliano, après avoir examiné les lieux, décida que l’on ferait un pont de bateaux dans une saison plus favorable, et, étant allé chercher son frère à Florence, il revint avec lui quand le printemps fut arrivé[1]. Ils construisirent un pont très ingénieux, pouvant s’élever et s’abaisser, suivant les crues, et solidement enchaîné, en sorte qu’il remplit le but que se proposaient les commissaires, en fermant l’Arno du côté de la mer, aux Pisans qui furent forcés de se rendre aux Florentins.

Peu de temps après, le gonfalonier Piero Soderini envoya de nouveau Giuliano à Pise, avec un très grand nombre d’ouvriers, et l’on construisit avec une extraordinaire rapidité la forteresse, près de la porte San Marco, ainsi que la dite porte, qui est d’ordre dorique[2]. Pendant que Giuliano exécutait ce travail qui dura jusqu’en 1512, Antonio alla par tout le territoire inspecter et restaurer les forteresses et les autres édifices publics.

Les Médicis, qui avaient été chassés de Florence, à la venue de Charles VIII, roi de France, furent remis à Florence et ramenés au pouvoir, grâce à Jules II, et Piero Soderini dut quitter le palais. Cette famille n’oublia pas les services que les San Gallo avaient rendus jadis à leur illustre maison. Giuliano fut appelé à Rome, après la mort d Bramante[3], par le cardinal Jean de Médicis, qui venait de succède à Jules II, sous le nom de Léon X ; ce pape voulm le charger de la conduite des travaux de Saint-Pierre[4]; mais Giuliano, accablé de fatigues, de vieillesse, et tourmenté cruellement par la pierre, obtint de Sa Sainteté la permission de se retirer à Florence. L’emploi fut donné au très gracieux Raphaël d’Urbin et, deux ans après. Giuliano succomba à sa maladie, à l’âge de 74 ans, l’an 1517, laissant son corps à la terre, son nom au monde et son âme à Dieu[5].

Sa mort affligea profondément son frère Antonio, qui l’aimait

  1. Son frère Antonio seul est mentionné dans les travaux du siège. De fait, de 1502 à 1508, Giuliano visita et répara la plupart des forteresses florentines.
  2. De 1509 à 1510.
  3. Le 11 mars 1514.
  4. Nommé architecte de Saint-Pierre, sous les ordres de Bramante, le 1er janvier 1514.
  5. Mort à Florence le 20 octobre 1516, à l’âge de 71 ans.