Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/123

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degli Ansidei et représentant la Vierge, saint Jean-Baptiste et saint Nicolas[1]. Le second est une peinture à fresque[2], pour la chapelle de la Vierge, à San Severo, petit monastère de l’ordre des Camaldules ; on y voit le Christ dans sa gloire. Dieu le Père environné de quelques anges et six saints assis, trois de chaque côté, à savoir : saint Benoît, saint Romuald, saint Laurent, saint Jérôme, saint Marc et saint Placide. Sur cette œuvre, qui fut très estimée comme peinture à fresque, il inscrivit son nom en lettres majuscules très apparentes[3]. Enfin il fit, dans la même ville, pour les religieuses de saint Antoine de Padoue, un tableau de la Vierge tenant son Fils habillé, ce que demandèrent ces saintes et vénérables filles[4]; aux côtés de la Vierge, on voit saint Pierre, saint Paul, sainte Cécile et sainte Catherine. Il donna aux têtes de ces deux vierges un caractère de douceur, avec les ajustements les plus variés que l’on puisse voir, chose rare à cette époque. Au-dessus du tableau, dans un cadre demi-circulaire, il peignit un Dieu le Père très beau, et sur la prédelle, trois petites histoires[5] représentant le Christ priant au Mont des Oliviers, un Portement de Croix, où l’on admire la beauté des mouvements des soldats qui entraînent le Sauveur, et le Christ mort sur les genoux de sa Mère, œuvre admirable et pleine de dévotion, tenue par les sœurs en grande vénération et louée par tous les peintres.

Je ne cacherai pas que l’on reconnaît, après son séjour à Florence, qu’il changea et embellit sa manière, grâce à l’étude qu’il fit des œuvres des plus grands maîtres, au point qu’elle n’avait plus rien de commun avec sa première manière, tout comme si elles appartenaient à des peintres différents, et de plus ou moins de talent. Avant son départ de Pérouse, Madonna Atlanta Baglioni lui demanda un tableau pour sa chapelle de l’église San Francesco ; comme il ne put alors l’exécuter, il lui promit de la satisfaire dès qu’il serait de retour de Florence où il était forcé de se rendre pour quelques affaires. Étant donc venu à Florence, où il se livra avec une ardeur incroyable à l’étude de son art, il fit le carton pour la dite chapelle, avec l’intention de venir exécuter le tableau aussitôt qu’il en aurait le loisir.

Pendant son séjour à Florence, Agnolo Doni, qui était aussi parcimonieux en autre chose qu’il dépensait volontiers, mais en épargnant

  1. Actuellement à la Galerie Nationale de Londres, datée MDV.
  2. Existe encore, au-dessus de la fresque de Perugino.
  3. RAPHAEL DE URBINO, etc… PINXIT A. D. MDV.
  4. Appartenait au duc de Ripalda, acheté en 1902 par M. Pierpont Morgan.
  5. Actuellement dispersées dans différentes collections, en Angleterre.