Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/149

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yeux à la pratique de l’art, car, selon moi, quiconque a suivi ses traces est arrivé à bon port. Enfin, ceux qui l’imiteront dans ses travaux seront honorés dans ce monde, et ceux qui l’imiteront dans ses excellentes mœurs seront récompensés par le ciel.



 

Guillaume de MARCILLAT
Peintre verrier français, né en 1467, mort en 1529

Dans le temps où le ciel nous favorisait de la plus grande félicité que pût avoir notre art, florissait Guillaume de Marcillat[1], Français, qui, par son séjour constant à Arezzo et l’affection qu’il porta à cette ville, nous permet de dire qu’il la choisit pour patrie et qu’il fut appelé et considéré par tous comme Arétin.

Dans sa jeunesse, il avait cultivé le dessin en France et s’était occupé également de peinture sur verre, dans laquelle il représentait des figures en couleur aussi harmonieuses que si elles étaient peintes à l’huile. En France, cédant aux prières de quelques-uns de ses amis, il se trouva présent au meurtre d’un de leurs ennemis, et fut obligé, pour se soustraire à la justice, de prendre l’habit de saint Dominique. Bien qu’il restât en religion, il n’abandonna pas les études de son art : au contraire, il s’y appliqua davantage et atteignit une grande perfection.

Le pape Jule II donna commission à Bramante d’Urbin de faire placer bon nombre de vitraux peints aux fenêtres de son palais du Vatican. En recherchant les plus habiles ouvriers dans ce genre. Bramante apprit qu’il y en avait en France plusieurs qui faisaient des choses vraiment merveilleuses, et il en vit la preuve chez l’ambassadeur français qui négociait alors auprès de Sa Sainteté, et qui avait dans son cabinet un vitrail monté dans un châssis et représentant sur un verre blanc une figure peinte avec une infinité de couleurs, toutes fondues au feu sur la vitre même. Aussi Bramante fit-il écrire en France pour les faire venir à Rome, en leur offrant de grosses provisions. Là-dessus, maître Claude, Français, le plus grand dans cet art qui connaissait l’habileté de Guillaume, fit en sorte, à force de promesses et d’argent, qu’il ne lui fut pas difficile de le faire sortir de son couvent, car l’envie et les mauvais procédés dont les moines usent entre eux donnaient à Guillaume encore plus le désir de s’en aller qu’il ne fallait de persuasion à Claude pour

  1. Né à Saint-Mihiel, sur la Meuse ; fils de Pierre Marcillac.