Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/160

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Agathe, sainte Lucie et saint Romuald ; cet ouvrage fut plus tard reproduit sur verre par les della Robbia[1].

Continuant à pratiquer la sculpture, il composa, dans sa jeunesse, pour Simone Pollaiuolo, dit le Cronaca, deux chapiteaux de pilastres[2], pour la sacristie de Santo Spirito, qui lui acquirent une grande renommée, et furent cause qu’on lui confia la construction du vestibule, qui est entre la sacristie et l’église[3] ; comme ce local est très étroit, il dut faire effort d’imagination. Il composa donc une ornementation en macigno, d’ordre corinthien, avec douze colonnes, soit six de chaque côté, qui portent une architrave, une frise et une corniche ; au-dessus est une voûte à lunettes, de la même pierre, avec des compartiments richement sculptés. Il est vrai que les compartiments ne répondent pas à l’axe des colonnes ; s’il en était autrement, cette sacristie aurait plus de régularité et serait parfaite dans toutes ses parties.

Après cette œuvre, il fut chargé par la famille des Corbinelli de construire, dans la même église, la chapelle del Sagramento, qu’il exécuta avec une grande perfection, imitant dans ses bas-reliefs Donato et d’autres grands maîtres, et ne s’épargnant aucune fatigue pour se faire honneur. Dans deux niches qui encadrent un magnifique tabernacle, il fit les deux statues de saint Jacques et de saint Mathieu, ayant un peu plus d’une brasse de hauteur ; il y a de plus deux anges en ronde-bosse d’une beauté merveilleuse, qui complètent cette œuvre, et un petit Christ nu qui ne saurait être plus gracieux. Sur la prédelle, et sur le tabernacle, on voit plusieurs petits sujets traités avec tant de délicatesse, que le pinceau ne rendrait pas ce qu’Andrea fit avec le ciseau. Mais, si l’on veut apprécier tout le mérite de cet artiste si rare, il faut considérer l’architecture de cette chapelle, qui est si bien exécutée et assemblée, qu’elle paraît taillée dans un seul bloc. On loue encore beaucoup une grande Piétà en marbre, représentant la Madone et saint Jean pleurant le Christ, qu’il fit en demi-relief, sur le devant de l’autel, et l’on ne saurait imaginer de plus belles pièces coulées que les grilles en bronze, fermant la chapelle, avec quelques cerfs, armes de la famille Corbinelli, qui ornent les candélabres[4]. Ces ouvrages et d’autres ayant répandu au loin sa renommée, il fut demandé par le roi de Portugal à Laurent le Magni-

  1. Ces deux bas-reliefs sont actuellement à la compagnie de Santa Chiara, depuis la suppression du couvent de Sant’Agata.
  2. Exécutés en 1490.
  3. Le modèle fut donné par le Cronaca, en 1489.
  4. La décoration de la chapelle Corbinelli existe encore, sauf les candélabres.