Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/161

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fique, dans les jardins duquel il s’était livré à l’étude du dessin. Laurent l’envoya donc en Portugal, où il exécuta pour le roi de nombreux travaux de sculpture et d’architecture, parmi lesquels on distingue un superbe palais flanqué de quatre tours ; une partie de ce palais fut peinte d’après les dessins et les cartons d’Andrea, qui était excellent dessinateur. Pour le même prince, il sculpta en bois un autel, avec quelques Prophètes, et modela en terre une Bataille représentant une victoire remportée par le roi sur les Maures. Cette dernière composition devait être exécutée en marbre[1] ; jamais on ne vit sortir de sa main œuvre aussi fière et aussi terrible, pour les mouvements et les attitudes variées des chevaux, le massacre des morts et la furie des soldats combattants. Il fit encore une statue de saint Marc en marbre, qui fut très estimée. Étant resté neuf ans en Portugal, fatigué de servir le roi et désireux de revoir, en Toscane, ses parents et ses amis, il demanda et obtint son congé, non sans difficulté, laissant quelqu’un pour terminer les travaux qui restaient inachevés. De retour à Florence, il commença en marbre, l’an 1500, un saint Jean baptisant le Christ[2], ce groupe devait être placé au-dessus de la porte du temple de San Giovanni, qui est en face de la Misericordia ; mais il ne le termina pas, parce qu’il fut forcé d’aller à Gênes où il fit en marbre deux figures vraiment dignes d’éloges, un Christ et une Vierge, ou un saint Jean[3]. Le groupe de Florence resta imparfait, et se trouve encore aujourd’hui dans l’œuvre de San Giovanni[4].

Andrea fut ensuite appelé à Rome par le pape Jules II, qui lui commanda deux tombeaux de marbre[5] pour l’église de Santa Maria del Popolo, à savoir : un pour le cardinal Ascanio Sforza et l’autre pour le cardinal de Recanati, très proche parent du pape. Andrea apporta une telle perfection dans ces ouvrages qu’on ne pourrait désirer rien de mieux ; on y trouve la pureté, la beauté et la grâce jointes à l’observation de toutes les règles de l’art.

À Sant’Agostino, il fit en marbre, contre un pilastre intérieur, une sainte Anne tenant à son cou la Vierge et Jésus-Christ, un peu

  1. Le bas-relief et la statue de saint Marc existent encore dans l’église du couvent de Saint-Marc, près de Coimbre.
  2. Commandé le 29 avril 1502.
  3. Cathédrale de Gênes, signées : SANSOVINUS FLORENTINUS FACIEBAT.
  4. Terminé par Vincenzo Danti de Pérouse, et posé sur la porte de San Giovanni face au Dôme. Au XVIIie siècle, on y ajouta un ange sculpté par Spinazzi.
  5. Existent encore dans le chœur ; exécutés vers 1506.