Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/19

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d’enfants[1]. À Prato, il fit diverses figures : une au Palco[2], couvent des Frères del Zoccolo, situé hors de la ville ; une Vierge avec saint Étienne et saint Jean-Baptiste[3], dans la salle d’audience des Prieurs, et une fresque dans un tabernacle au coin, à Mercatale, vis à vis du monastère des religieuses de Santa Margherita, qui renferme une très belle Vierge entourée d’un chœur de séraphins sur un fond de lumière[4]. Entre autres choses, il montra beaucoup d’art et d’esprit d’observation dans le dragon qui est sous les pieds de sainte Marguerite et qui est si étrange, si horrible, qu’il paraît lancer le venin, le feu et la mort. Le reste de cette œuvre est d’un coloris si vif et si frais qu’elle mérite d’être louée infiniment. À Lucques, il exécuta pareillement quelques œuvres, en particulier dans l’église San Ponziano[5], appartenant aux Frères de Monte Oliveto, un tableau dans une chapelle au milieu de laquelle, dans une niche, est un saint Antoine très beau, en relief, de la main d’Andrea Sansovino, excellent sculpteur.

Filippo, sollicité d’aller en Hongrie, auprès du roi Mathias Corvin, s’y refusa ; mais, en échange, il exécuta à Florence, pour ce roi, deux tableaux fort beaux qui lui furent envoyés[6]. Sur l’un d’eux, il reproduisit le roi, tel qu’il le vit sur des médailles. Il envoya également diverses peintures à Gênes, et fit, à Bologne, dans l’église San Domenico, à côté de la chapelle du maître-autel et à main gauche, un saint Sebastien, tableau digne d’éloges[7]. Pour Tanaï de’ Nerli, il fit un autre tableau[8] à San Salvadore hors de Florence, et pour Piero del Pugliese, son ami, une peinture de petites figures exécutées avec tant d’art et de soin qu’un autre citoyen voulant un tableau semblable, Filippo le lui refusa, disant qu’il était impossible de le refaire[9].

À la prière de Laurent l’Ancien de Médicis, il entreprit pour Olivieri Caraffa, cardinal napolitain, son ami, une grande œuvre à Rome. En se rendant dans cette ville, il passa, suivant le désir de Laurent, par Spolète, pour faire élever, aux frais de celui-ci, un mausolée de marbre en l’honneur de son père. Fra Filippo, dont le corps avait été

  1. Peinture perdue.
  2. C’est une Vierge avec le Christ, actuellement à la Pinacothèque de Munich.
  3. Actuellement à la Galerie communale de Prato, 1501.
  4. Cette fresque existe encore, datée MCCCCIXXXXVIII.
  5. Église supprimée ; ce tableau est inconnu.
  6. Terminés en 1488 ; ces tableaux ont disparu.
  7. C’est un mariage mystique de sainte Catherine, signe : OPVS PHILIPPINI FLOR. PICT. A S MCCCCCI.
  8. Qui doit faire double emploi avec celui de San Francesco, la même église portant ces deux noms.
  9. Peinture non retrouvée