pressât et quel que fût l’argent qu’il leur donnât ou qu’il leur promît. Andrea seul termina avec beaucoup de soin, sur une paroi, une scène représentant César qui reçoit le tribut de tout le règne animal[1] ; il fit tous ses efforts pour surpasser le Francia et Jacopo, et y introduisit des difficultés qui n’étaient plus en usage, en y ménageant une magnifique perspective et un escalier très difficile à rendre, qui est orné de statues et aboutit au trône de César. Parmi les esclaves qui portent des animaux ou des oiseaux, on remarque un Indien vêtu d’une casaque jaune et l’épaule chargée d’une cage, avec des perroquets dedans ou au-dessus. Divers personnages conduisent des chèvres indiennes, des lions, des girafes, des panthères, des loups-cerviers et des singes ; entre autres belles fantaisies qui complètent cette fresque divine, nous citerons encore le nain qui est assis sur l’escalier. Il tient une boite dans laquelle est un caméléon, si bien fait que l’on ne peut imaginer rien de mieux proportionné que cette étrange bête, si difforme qu’elle soit. Il est vraiment déplorable que la décoration de cette salle n’ait pas été terminée, car elle est dans son genre la plus belle salle du monde[2].
De retour à Florence, Andrea fit, sur un tableau, un saint Jean-Baptiste nu et à mi-corps[3], pour Giovan Maria Benintendi, qui le donna plus tard au seigneur duc Cosme. Pendant que les choses se passaient de cette manière, Andrea songeait souvent à la France, en soupirant du fond du cœur, et s il avait espéré trouver le pardon de la faute commise, il n’y a pas de doute qu’il y serait retourné. Pour tenter la fortune et voir si en cela son talent ne lui viendrait pas en aide, il peignit, sur un tableau, un saint Jean-Baptiste demi-nu[4], avec l’intention de l’envoyer au grand maître de France[5], afin que ce seigneur s’employât à le faire rentrer en grâce auprès du roi. Mais, je ne sais pour quel motif, il ne le lui envoya pas autrement ; Octaviano de’Medici, qui était grand admirateur de son talent, le lui acheta ainsi que deux Madones[6], qui sont aujourd’hui dans son palais.
Peu de temps après, Zanobi Bracci lui fit faire, pour Mgr de Beaune[7], un tableau qu’Andrea exécuta avec tout le soin imagi-