Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/194

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fit deux peintures représentant la Vigne du Seigneur[1], c’est-à-dire, quand on la plante quand on la lie aux ceps, et ensuite quand ce père de famille appelle au travail ceux qui se tiennent oisifs, parmi lesquels un, à qui l’on demande s’il veut prendre du travail, s’est assis et se frotte les mains, en se demandant s’il doit y aller, de la même manière que l’on voit se tenir les fainéants qui ont peu d’envie de travailler. L’autre peinture[2] est beaucoup plus belle ; le même père de famille les fait payer tandis qu’ils murmurent et se plaignent. Entre autres, un qui compte son argent parait vivant, tant il est absorbé par ce qui l’intéresse ; il en est de même du fermier qui les paye. Ces peintures sont faites en clair-obscur, et travaillées à la fresque avec une extrême habileté professionnelle. Il fit ensuite dans le noviciat du même couvent, au sommet d’un escalier, une Pietà, peinte à fresque, dans une niche, qui est très belle[3]. Il peignit encore un petit tableau à l’huile représentant une Pietà et une Nativité[4], dans une chambre du couvent occupée par le général Angelo d’Arezzo. Il fit, pour Zanobi Bracci, qui désirait vivement avoir de ses œuvres, un tableau d’appartement représentant la Vierge agenouillée et qui, appuyée à un rocher, contemple le Christ couché sur des linges et regardant en souriant sa mère, à laquelle saint Jean debout semble dire, en le montrant, que c’est le vrai fils de Dieu[5]. Derrière eux, saint Joseph, la tête appuyée sur ses mains posées sur un rocher, livre son âme à une douce béatitude, en voyant la génération humaine divinisée par la naissance de Jésus.

Le cardinal Jules de Médicis ayant été chargé par le pape Léon X de faire orner de stucs et de peintures la voûte de la grande salle du Poggio a Caiano, palais et villa de la famille Médicis, situé entre Pistoia et Florence, le soin de présider à ces travaux et de les payer fut confié au magnifique Ottaviano de’Medici, comme à un homme qui, ne dérogeant pas de ses ancêtres, s’entendait à cette tâche, et aimait tous les artistes, se plaisant à rassembler dans son palais les œuvres d’art des meilleurs maîtres. Il voulut donc, donnant la direction de tout le travail au Francia Bigio, qu’il n’en peignit que le tiers, qu’Andrea en fit le deuxième tiers, et Jacopo da Puntormo le dernier tiers. Mais il n’obtint pas que cette œuvre fût terminée, bien qu’il les

  1. Le mur tomba en 1704 et avec lui les peintures.
  2. L’autre peinture existe encore, mais entrés mauvais état.
  3. Actuellement aux Offices.
  4. Peintures perdues.
  5. Au palais Pitti.