Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/201

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homme, qui était l’ami d’Andrea, voulut être représenté sous une treille que battaient la pluie et le vent, comme cela lui arrivait souvent Quand Andrea eut achevé cet ouvrage, comme il lui restait des couleurs et de la chaux, il prit une tuile, appela sa femme Lucrezia et lui dit : « Viens ici, je vais faire ton portrait, afin que l’on voie à quel point tu es bien conservée à ton âge, et que l’on reconnaisse en même temps comme tu es loin de ressembler à tes premiers portraits. » Mais Lucrezia, qui avait peut-être d’autres idées, ayant refusé de poser, Andrea, comme par pressentiment de sa fin prochaine, se peignit lui-même sur sa tuile, à l’aide d’un miroir, et avec une telle perfection qu’il paraît vivant. Ce portrait[1] est maintenant chez Madonna Lucrezia, sa veuve[2], qui vit encore. Il fit pareillement le portrait d’un chanoine de Pise, son ami et ce portrait, aussi beau que naturel, est encore à Pise[3].

Il commença, pour la Seigneurie[4], des cartons d’après lesquels on aurait peint, sur les dossiers d’appui de la tribune publique, de belles fantaisies au-dessus des divers quartiers de la ville, avec les bannières des différents Arts portées par des enfants, et, en outre, les images de routes les vertus entremêlées à celles des fleuves et des montagnes les plus célèbres du domaine de Florence. Mais cette œuvre resta inachevée, à cause de la mort d’Andrea ; il en fut de même pour le tableau presque terminé qu’il fit pour les moines de Vallombrosa, et qui était destiné à leur abbaye de Poppi, dans le Casentin. On y voit une Assomption de la Vierge environnée d’une foule de petits anges et accompagnée de saint Gualbert, saint Bernard cardinal, sainte Catherine et San Fedele ; ce tableau[5] est actuellement tel qu’il est, inachevé, dans l’abbaye de Poppi. Pareille chose arriva encore à un petit tableau[6] qui devait aller, une fois terminé, à Pise. Il laissa complètement terminé un fort beau tableau, qui est aujourd’hui dans la maison de Filippo Salviati et plusieurs autres.

Presque dans le même temps, Giovambattiste della Palla avait acheté tout ce qu’il avait pu trouver, à Florence, de peintures et de sculptures précieuses, faisant copier celles qu’il ne pouvait avoir, et dépouillant ainsi la ville sans scrupules, afin de composer pour le roi

  1. Aux Offices, salle des portraits.
  2. Morte en 1570.
  3. Portrait perdu.
  4. Décret du 30 octobre 1525.
  5. Au palais Pitti.
  6. Une Madone, actuellement dans le Dôme de Pise, autel de la Madonna delle Grazie.