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dans des chambres appelées les cellules. Il fit ensuite un tableau que Giuliano Scala envoya à Serrezzana, et sur lequel est représentée la Vierge assise tenant son Fils entre différents saints, dont deux en demi-figures jusqu’aux genoux[1] ; on estime que ce tableau n’est pas inférieur aux autres œuvres d’Andrea. Une Annonciation[2], renfermée dans un cadre demi-circulaire, formait le couronnement de ce tableau ; elle fut abandonnée, en paiement d’une dette d’argent, à Giuliano Scala qui la plaça dans sa chapelle de l’église des Servi.

Andrea s’était engngé, de longues années auparavant, à peindre une Cène[3] dans le réfectoire de San Salvi, à l’époque où il décora un arc avec quatre figures. Cette promesse était restée oubliée, quand un abbé, homme d’esprit et de jugement, s’en souvint et voulut qu’Andréa la réalisât. L’artiste n’opposa aucune résistance, et, tout en y travaillant de temps en temps^ entièrement à son aise, il acheva en peu de mois cette fresque, qui est regardée à bon droit comme le morceau le plus facilement dessiné et le plus vigoureusement peint qu’il ait jamais fait et même qui se puisse faire. Il donna de la grandeur, de la majesté et une grâce infinie à toutes les figures, en sorte que les paroles me manquent pour parler convenablement de cette œuvre, qui frappe de stupeur tous ceux qui la voient. Aussi n’est-il pas étonnant que sa beauté l’ait préservée, l’an 1529, pendant le siège de Florence, quand les soldats et les pionniers détruisirent les faubourgs de la ville, tous les monastères, les hôpitaux et les édifices environnants. Ils avaient déjà abattu l’église et le campanile de San Salvi, et commençait à détruire le couvent, quand ils arrivèrent devant la Cène du réfectoire. À la vue de cette merveilleuse peinture, leur chef, qui peut-être en avait entendu parler, les arrêta et leur ordonna d’épargner le reste du couvent, se réservant d’en venir à cette extrémité lorsqu’on ne pourrait plus faire autrement.

Andrea peignit ensuite, pour la confrérie de San Jacopo, dite Il Nicchio, sur une bannière destinée à être portée dans les processions, un saint Jacques qui caresse un enfant habillé en flagellant, en le prenant par le menton, et un autre qui tient un livre à la main[4]. Il fit ensuite le portrait d’un frère convers de Vallombrosa, qui, pour les besoins de la communauté, résidait toujours dans leur maison de campagne ; cet

  1. Musée de Berlin, daté 1528.
  2. Au palais Pitti.
  3. Commandée le 15 juin 1519 par don Ilario Panichi, abbé de San Salvi, pour 38 florins d’or. Cette fresque existe encore.
  4. Aux Offices.