Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/208

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dessus d’une autre porte qui donne dans le cloître du couvent des Servi, les armes du pape Léon, soutenues par deux enfants : cette peinture est aujourd’hui fortement endommagée. Chez plusieurs citoyens, on voit de lui des tableaux et de nombreux portraits. Lorsque le pape Léon X vint à Florence[1], le Rosso éleva un bel arc de triomphe, au Canto de’Bischeri. Puis il peignit pour le seigneur de Piombino un Christ mort[2], et il décora une petite chapelle ; pareillement à Volterra, il peignit une magnifique Descente de Croix[3], Son mérite et sa réputation s’étant accrus, on lui confia dans l’église de Santo Spirito, à Florence, le tableau des Dei[4]. Raphaël s’en était d’abord chargé, mais d’autres travaux le forcèrent à l’abandonner ; le Rosso exécuta cet ouvrage remarquable par la grâce et la beauté du dessin, et par la vivacité du coloris. Jamais aucune peinture n’a produit de loin un plus grand effet que celle-ci ; elle ne fut pas alors, appréciée comme elle le méritait : mais, avec le temps, on en reconnut toute la beauté, car il est impossible de faire mieux dans l’union des couleurs. Les dégradations de lumière sont si habilement ménagées, que les figures se font mutuellement ressortir ; en un mot, cette œuvre peut lutter avec celles des plus grands maîtres. À San Lorenzo, il peignit, pour Carlo Ginori, le tableau du Mariage de la Vierge[5], qui fut regardé comme une admirable chose. Pour Giovanni Bandini, il fit un tableau qui fut, je crois, envoyé en France, et dans lequel il avait représenté Moïse tuant l’Égyptien[6], on y voit des nus magnifiques. Un Jacob à la fontaine, que lui commanda Giavanni Cavalcanti, passa en Angleterre[7].

Le Rosso se rendit ensuite à Rome, où il était attendu avec impatience, et où l’on désirait voir de ses œuvres, car il s’y était fait connaître par quelques dessins admirables, étant donné qu’il dessinait avec un fini et une pureté remarquables. Il fit, dans l’église della Pace[8], au-dessus des peintures de Raphaël, le plus pitoyable de ses ouvrages. Je ne puis m’expliquer cela que par une sorte de fatalité,

  1. Le 14 novembre 1512.
  2. C’est peut-être celui du musée du Louvre.
  3. Dans le Dôme, chapelle de Saint-Charles.
  4. Une Madone, actuellement au Palais Pitti ; remplacée dans l’église par une copie faite par Francesco Petrucci.
  5. Deuxième chapelle adroite.
  6. Aux Offices.
  7. Tableau perdu.
  8. La chapelle d’Angelo Cesi, à côté de celle d’Agostino Chigi, fut commandée au Rosso le 26 avril 1524.