Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/221

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et en continuant à parler des artistes, nous citerons, à Vérone, Liberale[1], disciple de ce Vincenzio di Stefano[2], qui, l’an 1463, laissa une Madone fort estimée dans l’église d’Ognissanti, à Mantoue. Liberale imita ensuite la manière de Jacopo Bellini, sous lequel il travailla, quand Jacopo peignit la chapelle de San Niccolo, à Vérone et dont il suivit constamment la tradition. Son premier ouvrage fut, à San Bernardino de Vérone, dans la chapelle du Monte della Pietà, une Déposition de croix, avec certains anges qui tiennent en main les mystères de la Passion, et que la mort du Sauveur remplit d’une amère tristesse[3]. Liberale montra maintes fois qu’il savait faire pleurer les figures, comme en témoignent une foule de tableaux que possèdent divers gentilshommes véronais, et celui des Maries entourant le Christ mort, dont il orna la chapelle des Buonaveri, à Santa Nastasia de Vérone[4]. Il se plut à faire de petites peintures exécutées avec un tel soin qu’elles paraissent des enluminures, comme on peut s’en rendre compte au Dôme de cette ville[5], où il y a un tableau de sa main représentant l’Adoration des Mages[6], avec un nombre infini de petites figures, de chevaux, de chiens et de divers autres animaux. A San Vitale, dans la chapelle degli Allegri, il peignit un tableau représentant San Metrone, confesseur véronais et homme d’une grande sainteté, entre saint François et saint Dominique[7]. À la Vittoria, église et couvent des frères ermites, il fit, dans la chapelle de San Girolamo, pour la famille degli Scaltritegli, un saint Jérôme, cardinal, un saint François et un saint Paul très estimés[8]. L’église de San Giovanni in Monte possédait de sa main une Circoncision et d’autres ouvrages, qui ont été détruits il y a peu de temps.

Ayant été ensuite appelé à Sienne[9] par le général de l’ordre des moines de Monte Oliveto, il enlumina plusieurs livres, de si heureuse manière qu’on lui confia pareillement à peindre divers manuscrits de la bibliothèque Piccolomini ainsi que quelques livres de plain-chant de

  1. Fils de Magistri Jacobi a Blado de S. Joanne in Valle (document de 1515) Né en 1451, d’après l’Anagraphe de Vérone.
  2. Fils de Stefano da Revio, mentionné dans la vie de Scarpaccia.
  3. Cette peinture n’existe plus.
  4. Ibid.
  5. Chapelle Calcasoli.
  6. Existe encore.
  7. En place.
  8. Actuellement à la Pinacothèque de Vérone.
  9. Liberale est à Monte Oliveto dès 1467. Il reste de lui quatre missels, à la cathédrale de Chiusi, signé : M. Q. R. Y. — En 1469, il va à Sienne et effectue des travaux analogues, de 1470 à 1474.