Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/241

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Philyre transformée en cheval[1] ; toutes ces estampes ont toujours été d’un haut prix. Caraglia commença ensuite, pour le Rosso, l’Enlèvement des Sabines, qui aurait été une très belle gravure, mais qui ne fut pas achevé, à cause du sac de Rome. Rosso s’en alla, et toutes les estampes furent perdues. Si cette planche a été publiée plus tard, c’est fâcheux, parce qu’elle a été terminée par un ignorant qui ne pensait qu’au bénéfice à en retirer.

Le Caraglio grava ensuite, pour Francesco Parmigiano, le Mariage de la Vierge et quelques autres de ses œuvres ; pour Titien, une magnifique Nativité, d’après un des tableaux de celui-ci. Après avoir fait bon nombre d’estampes, Caraglio se mit à graver des camées et des cristaux avec un tel succès qu’il vint à mépriser son premier métier au point de ne vouloir plus s’occuper que de joyaux, de gravure en creux et d’architecture. Il s’attacha au service du roi de Pologne, dont les libéralités lui ont fourni les moyens de passer tranquillement sa vieillesse dans sa patrie, au milieu de ses disciples et de ses amis.

Après ceux-ci, nous avons un autre excellent graveur sur cuivre, appelé Lamberto Suave[2], de la main duquel nous avons le Christ et les douze Apôtres en treize feuilles d’une finesse de burin qui approche de la perfection. S’il avait eu un meilleur dessin, comme le travail, le soin et l’exécution sont bons chez lui, il aurait obtenu des résultats merveilleux, ainsi qu’on peut s’en rendre compte par sa petite gravure de saint Paul qui écrit, et celle plus grande de la Résurrection de Lazare.

Giovambatista de Mantoue, élève de Jules Romain, a montré aussi beaucoup de talent comme graveur ; parmi ses œuvres, nous citerons la Vierge ayant la lune sous ses pieds et tenant son Fils ; quelques tètes coiffées de casques antiques, fort belles ; deux feuilles représentant un capitaine à pied et un à cheval ; Mars couvert de ses armes et assis sur un lit, pendant que Vénus regarde un Amour qu’elle allaite, planche qui a beaucoup de bon. Il y a encore de lui deux planches très originales représentant l’Incendie de Troie et faite avec une grâce, un dessin et une invention extraordinaires. Ces planches et beaucoup d’autres du même auteur sont signées de ces lettres : I. B. M.

Enea Vico[3], de Parme, ne fut inférieur à aucun des maîtres que nous venons de mentionner. Il grava sur cuivre, d’après le Rosso,

  1. Métamorphose inexacte. Rhée ayant surpris la nymphe Philyre et Saturne, celui-ci se transforma en cheval pour s’enfuir plus vite.
  2. De son vrai nom Lambert Sutermans.
  3. Ses gravures sont datées 1541 à 1560 ; mort le 17 août 1567.