Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/240

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enlever sous le trait la couche d’enduit ; puis on verse sur la planche l’eau forte qui creuse le cuivre dans les endroits où il est à découvert, de façon qu’on n’a plus ensuite qu’à imprimer. Francesco Mazzuoli grava ainsi une foule de petits sujets très gracieux, et, entre autres, une Nativité de Jésus, les Maries pleurant le Christ mort, et l’une des tapisseries de la chapelle faites sur le dessin de Raphaël.

Après ces maîtres, Batista[1], peintre de Vicence, est l’auteur de cinquante paysages variés ; viennent ensuite Battista del Moro[2] de Vérone et Jérôme Cock[3], lequel grava en Flandre les Arts libéraux, et, à Rome, la Visitation peinte dans l’église della Pace par Fra Sebastiano de Venise, ainsi qu’une autre Visitation laissée dans l’oratoire della Misericordia par Francesco Salviati, la fête du Monte Testaccio et quantité d’œuvres d’après des peintures de Battista Franco et autres, à Venise.

Pour revenir à la gravure au burin, après que Marc Antonio eut publié toutes les planches que nous avons mentionnées plus haut, le Rosso étant allé à Rome, Baviera lui persuada de faire graver quelques-unes de ses œuvres. Il donna alors à Gian Jacopo del Caraglio de Vérone[4], qui avait une très bonne main et cherchait le mieux possible à imiter Marc Antonio, une figure d’anatomie tenant une tête de mort et assise sur un serpent, à côté d’un cygne qui chante. Cette estampe fut si bien réussie, que le Rosso fit graver, en feuilles de moyenne grandeur, quelques-uns des travaux d’Hercule, à savoir : la Mort de l’Hydre, le Combat avec Cerbère, la Mort de Cacus, la Défaite d’Achéloüs transformé en taureau, la Bataille des Centaures et l’Enlèvement de Déjanire par Nessus. Ces estampes furent si bien réussies, elles ont une si belle taille, que le même Jacopo grava sur le dessin du Rosso l’Histoire des Piérides, qui, ayant osé défier les Muses et disputer avec elles le prix de la voix, furent changées en pies. Baviera ayant fait ensuite dessiner au Rosso, pour un livre, vingt Divinités placées dans des niches avec leurs attributs, Gian Jacopo Caraglio les grava avec beaucoup de grâce, et reproduisit ensuite leurs métamorphoses ; mais le Rosso, ayant eu quelques démêlés avec le Baviera, ne dessina que deux de ces derniers sujets. Baviera fit faire les dix autres par Ferino del Vaga. Les deux du Rosso furent l’Enlèvement de Proserpine et

  1. Giambattista Pittoni, né en 1520 ; signé : B. P. V. F.
  2. Battista d’Agnolo, gendre et disciple de Torbido, dit Il Moro.
  3. Né et mort à Anvers. Né en 1510 (?), mort en 1570.
  4. On connaît de lui soixante-quatre numéros signés du nom ou IA. V. Sa vie est inconnue.