Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/244

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Vignola[1], architecte, ne s’est pas moins distingué en mettant au jour un livre orné de gravures sur cuivre, où il explique clairement les principes des proportions des cinq ordres et la manière de les amplifier et de les diminuer. Ce livre, par son utilité, a mérité à son auteur la reconnaissance des artistes qui doivent payer le même tribut à Jean Cousin de Paris pour ses gravures et ses traités d’architecture.

À Rome, Niccolo Beatricetto[2], de Lorraine, a gravé au burin, avec talent, deux combats de cavalerie, divers animaux très bien faits, et, d’après le dessin du peintre Girolamo Mosciano de Brescia, le Christ ressuscitant le fils de la veuve. Beatricetto a en outre gravé une Annonciation dessinée par Michel-Ange, et la Navicella que Giotto exécuta en mosaïque, sous le portique de Saint Pierre.

De Venise sont venues pareillement de nombreuses et magnifiques gravures en bois et sur cuivre ; parmi les premières nous citerons des paysages, une Nativité du Christ, un saint Jérôme et un saint François du Titien ; parmi les secondes, le Tantale, l’Adonis, et en un mot toutes les estampes exécutées par Giulio Bonasone de Bologne, d’après les dessins de Raphaël, de Jules Romain, du Parmigiano et des meilleurs maîtres, dont il a pu avoir des dessins. Battista Franco[3], Vénitien, a gravé partie au burin, partie à l’eau forte, daprès différents peintres, la Nativité du Christ, l’Adoration des Mages, la Prédication de saint Pierre et maints sujets tirés des Actes des Apôtres et de l’Ancien Testament.

La gravure est aujourd’hui tellement en vogue, que ceux qui professent cet art ont continuellement en action des dessinateurs, qui reproduisent et gravent ce qui se fait de beau. C’est ainsi que nous avons vu arriver de France tout ce qu’on avait pu trouver de la main du Rosso, comme Clélie traversant un fleuve avec les Sabines, quelques mascarons faits pour le roi François et semblables aux Parques, une Annonciation originale, une Danse de dix femmes, et le roi François Ier entrant dans le Temple de Jupiter, et laissant derrière lui l’Ignorance et les Vices. Ces estampes furent gravées sur cuivre par René Boivin[4], du vivant du Rosso. Lorsque ce maître fut mort, on reproduisit un bien plus grand nombre encore de ses ouvrages, tels que l’histoire complète d’Ulysse, et, pour ne pas citer autre chose,

  1. Grand architecte, 1507-1573.
  2. Nicolas Beautrizet, né à Lunéville vers 1507 ; 108 numéros datés de 1540 à 1562.
  3. Giambattista Franco, né à Udine en 1498 ; 107 numéros datés de 1561 à 1580.
  4. Né à Angers vers 1530, mort à Rome en 1598.