Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/254

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d’Adrien VI avait empêché de continuer ; grâce à la volonté de Clément VII, ce travail fut conduit à bonne fin.

Sa Sainteté, ayant résolu d’entourer de fortifications Parme et Plaisance, après l’examen de nombreux projets présentés par divers architectes, y envoya Antonio et avec lui Giuliano Leno, pour en surveiller l’exécution. Ils s’acquittèrent parfaitement de cette construction, avec l’aide d’Antonio Labacco, de Pier Francesco[1] de Viterbe, ingénieur très habile, et de Michele San Micheli, architecte véronnais. Antonio retourna ensuite à Rome, les autres restant sur place, et le pape lui fit construire, au Vatican, les chambres où se font les consistoires publics, au-dessus de la Forge. Clément VII en fut tellement satisfait, qu’il lui fit encore faire, au-dessus, les chambres des camériers de Sa Sainteté. Surmontant le toit de ces chambres, il y en a encore d’autres très commodes qu’Antonio construisit également ; cette opération présentait beaucoup de danger, tant il fallait renforcer les fondations. Il est vrai qu’Antonio s’y entendait, attendu que ses constructions n’ont jamais montré la moindre fissure, et qu’il n’y a pas eu, parmi les modernes, d’architecte plus sûr ni plus expérimenté dans les liaisons de maçonneries.

Au temps du pape Paul II, l’église della Madonna di Loreto, qui était petite et couverte d’une rustique toiture posant sur des piliers en briques, fut refaite de la grandeur dont on la voit aujourd’hui, grâce au génie de Giuliano da Maiano. L’ordre extérieur fut continué par le Pape Sixte IV et ses successeurs, et la construction entière n’avait donné aucun signe de ruine, jusqu’au temps de Clément VII, où, l’an 1526, elle s’ouvrit brusquement, dételle sorte que non seulement les grands arcs de la tribune, mais encore tout le reste de la bâtisse annonçaient une chute prochaine, les fondations n’étant ni assez larges ni assez profondes. Antonio, envoyé à Loreto par le pape, pour remédier au mal, se mit à étayer toute la construction et à soutenir les arcades par de fortes armatures ; puis il refit les fondations et renforça les murs et les piliers, à l’intérieur et à l’extérieur. Après leur avoir donné une solidité à toute épreuve, il changea et améliora l’ordonnance générale, orna les croisées et les nefs de magnifiques profils et enrichit d’un soubassement, non moins beau, les quatre grands piliers de la tribune. Ce travail de restauration mérite certainement d’être célébré comme étant la meilleure œuvre qu’Antonio ait jamais faite.

  1. Né à Viterbe vers 1470, mort à Florence en 1534.