Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/255

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

De retour à Rome, il trouva que cette ville avait été mise à sac et que le pape s’était réfugié à Orvieto ; la cour pontificale y souffrait grandement du manque d’eau. Il y construisit alors un puits tout en pierre de taille[1], large de vingt-cinq brasses ; deux escaliers en spirale, pratiqués l’un au-dessus de l’autre, dans le tuf, conduisent jusqu’au fond les bêtes de somme qu’on emploie à puiser l’eau ; par l’une de ces pentes, elles arrivent jusqu’au pont où on les charge ; et, remontant par l’autre pente qui tourne au-dessus de la première, elles sortent sans être obligées de rebrousser chemin, par une porte différente et opposée à celle d’entrée. Lorsque Clément VII mourut, il ne restait plus à achever que l’ouverture de ce puits merveilleux ; le pape Paul III la fit terminer, mais en ne suivant pas le projet d’Antonio. Certes, les anciens ne firent jamais de construction pareille à celle-ci, ni comme conception, ni comme travail, car le vide central est tel qu’il donne du jour jusqu’au fond aux deux escaliers, grâce à des fenêtres ménagées à cet effet. Tout en s’occupant de cet ouvrage, Antonio donna le plan de la citadelle d’Ancone qui plus tard fut mis à exécution[2].

Dans le temps où Alexandre de Médicis était duc de Florence, son oncle Clément VII, ayant résolu de construire dans cette ville une forteresse inexpugnable, le seigneur Alessandro Vitelli, Pier Francesco de Viterbe et Antonio da San Gallo construisirent celle qui est entre la Porta al Prato et la Porta San Gallo[3], avec tant de célérité que jamais construction semblable, ancienne ou moderne, n’a été si rapidement menée. Sous la tour del Toso, dont les fondations furent exécutées les premières, on plaça avec pompe quantité d’inscriptions et de médailles ; cette citadelle, célèbre dans le monde entier, passe pour imprenable.

En même temps, Antonio appela à Loreto les sculpteurs Tribolo, Raffaelo da Montelupo, le jeune Francesco da San Gallo et Simone Cioli, qui terminèrent les bas-reliefs de marbre commencés par Andrea Sansovino. Le Mosca, Florentin, vint également et sculpta des guirlande d’une beauté divine. Ainsi l’ornementation de la maison de la Vierge fut entièrement achevée par les soins d’Antonio, bien qu’il fût obligé de diriger à la fois, dans des villes éloignées l’une de l’autre, des travaux de la plus haute importance, savoir la forteresse de Florence, celle d’Ancone, la restauration de Loreto, l’agrandissement du Vatican et le puits d’Orvieto ; il sut faire en sorte que le travail ne

  1. Commencé en 1527, existe encore.
  2. En 1532.
  3. La première pierre fut posée le 15 juillet 1534.