Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/263

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d’aspect, est près de s’engloutir, avec son cheval. En somme, cette peinture servira toujours de modèle à ceux qui voudront traiter de semblables sujets. Jules sut mettre à profit les bas-reliefs des colonnes Trajane et Antonine, pour les armures et les costumes de ses soldats, les enseignes, les machines et instruments de guerre. Sous cette fresque sont peints en bronze quantité de sujets qui sont tous dignes d’éloges. Sur la troisième paroi, on voit saint Sylvestre, sous les traits de Clément VII, baptisant Constantin, dans les mêmes fonts baptismaux qui se trouvent aujourd’hui à Saint-Jean-de-Latran. Sur le soubassement peint en couleur de bronze, Jules représenta Constantin construisant Saint-Pierre de Rome ; c’est une allusion au pape Clément VII, et l’on y voit les portraits de Bramante et de Giuliano Leno tenant le plan de l’église. La quatrième paroi, au-dessus de la cheminée, renferme, en perspective, l’église de Saint-Pierre, avec l’assistance ordinaire du pape, quand il y célèbre la messe pontificale, entouré de cardinaux, de prélats, de chanteurs et de musiciens. Saint Sylvestre, assis, a devant lui Constantin à genoux, qui lui offre une statue de Rome en or, telle que nous la représente les médailles antiques ; cette fresque figure donc la Donation que Constantin fit à l’Église romaine.

Tandis que Jules et Il Fattore étaient occupés à ces grand travaux, ils ne laissèrent pas cependant de faire une Assomption de la Vierge[1], qui fut envoyée à Pérouse et placée dans le couvent des religieuses de Montelucci. Jules travailla seul ensuite et peignit une Vierge avec une chatte qui paraissait vivante ; c’est pourquoi cet ouvrage est connu sous le nom de tableau de la chatte [quadro della Gatta][2] ; un autre grand tableau où il représenta le Christ battu à la colonne fut placé sur l’autel de Santa Prassedia[3] à Rome.

Il peignit ensuite le martyre de saint Étienne, pour Messer Giovan Matteo Giberti, dataire du pape et depuis évêque de Vérone, qui envoya ce tableau à Gênes dans son bénéfice[4]. Pour une chapelle qui appartenait à Jacob Fugger, Allemand, dans l’église de Santa Maria de Anima, à Rome, il exécuta un très beau tableau à l’huile, où l’on voit la Vierge, sainte Anne, saint Joseph, saint Jacques, le petit saint Jean et saint Marc l’évangéliste, ayant à ses pieds un lion merveilleuse-

  1. Commandée à Raphaël en 1505, puis en 1516. Terminée par les deux peintres en 1525 ; actuellement à la Pinacothèque du Vatican.
  2. Au Musée de Naples.
  3. Actuellement dans la sacristie de cette église.
  4. Actuellement dans l’église Santo Stefano, à Gênes.