Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/280

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voir ses œuvres. Raphaël fut tellement séduit par ce qu’il en vit, ainsi que par les qualités personnelles de Perino, qu’il le jugea devoir arriver à une grande perfection dans l’art, entre tant de jeunes débutants qu’il avait connus.

Sur ces entrefaites, Raphaël, ayant construit les loges du Vatican, le pape Léon X lui ordonna de les faire orner de stucs, de peintures et de dorures, selon qu’il lui paraîtrait le mieux. Raphaël, nommé chef de toute l’œuvre, confia le travail, pour les stucs et les grotesques, à Jean d’Udine, qui était unique en ce genre et qui excellait encore plus à représenter les animaux, les fruits et autres objets de petites dimensions. Il avait rassemblé autour de lui une foule de maîtres qu’il avait choisis à Rome, ou appelés du dehors, et dont les uns étaient habiles à exécuter les stucs, les autres les grotesques, ceux-ci les fleurs et les fruits, ceux-là les festons et les histoires ; puis il les poussait en avant, et les récompensait, suivant leur valeur. Ainsi, rivalisant entre eux, quantité de jeunes gens prirent part aux travaux des loges qu’ils conduisirent à leur perfection et devinrent ensuite des maîtres excellents dans leurs propres ouvrages. Perino fut adressé à Jean d’Udine par Raphaël pour travailler aux grotesques et aux histoires, avec promesse d’être employé selon son mérite. Poussé par l’émulation, par le désir de montrer ce qu’il savait et de profiter, il ne mit pas longtemps à se faire connaître pour le premier entre tous ceux qui étaient employés aux travaux, pour le dessin et pour le coloris, autant que pour la grâce et la belle manière avec laquelle il exécuta les grotesques et les figures, comme en font foi les grotesques, les festons et les histoires qui sont de sa main dans cet ensemble. Outre qu’ils sont supérieurs à ceux des autres, ils sont plus conformes aux dessins et aux esquisses de Raphaël, comme on peut le voir dans une partie des histoires qui sont au milieu de la voûte et qui représentent les Hébreux passant le Jourdain, la chute des murs de Jéricho, Josué arrêtant le soleil, et d’autres sujets qu’il serait trop long d’énumérer mais où il est facile de reconnaître sa main. Perino appartiennent également les meilleurs morceaux du soubassement, peints en couleur de bronze, parmi lesquels nous citerons le Sacrifice d’Abraham, Jacob luttant avec l’ange, Joseph recevant ses frères, et le Feu du ciel tombant sur les fils de Lévi. Perino fit encore à l’entrée des loges, dans la série du Nouveau Testament, la Nativité du Christ, son Baptême et la Cène des Apôtres, outre les sujets représentés en couleur de bronze sous les fenêtres[1]. Ces œuvres comblent

  1. Ces derniers n’existent plus.