Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/285

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resta assez longtemps inoccupé. Le pape Paul ayant ordonné qu’on ôtât une cheminée qui était dans la salle de l’Incendie, au Vatican, et qu’on la transportât dans la chambre de la Signature, il fallut refaire tout le soubassement de cette dernière pièce, qui est celle où se trouve le Parnasse de Raphaël. Perino y figura en grisaille une suite de termes, de festons, de mascarons et d’autres ornements entremêlés de bas-reliefs peints à fresque et imitant le bronze. Ces bas-reliefs représentent des philosophes, des théologiens, des poètes, et sont en rapport avec chacun des grands tableaux qui les dominent. Bien qu’ils ne soient pas de sa main, il les retoucha à sec, après en avoir fait les cartons. Le pape, ayant reconnu son mérite, le gratifia d’une pension de vingt-cinq ducats par mois, qui lui fut payée jusqu’à sa mort, sous condition de se tenir au service du Vatican et à celui de la maison Farnèse.

Antonio da San Gallo ayant ensuite terminé, dans le Vatican, la grande salle royale, qui précède la chapelle de Sixte IV, Perino distribua le plafond en compartiments octogones et ovales, et fut chargé d’en exécuter les stucs et les ornements les plus riches et les plus beaux que l’art puisse créer. Ces stucs, vraiment royaux, surpassent tout ce que les anciens et les modernes ont produit de mieux en ce genre. Les vitraux des fenêtres de la même salle furent peints par le Pastorino de Sienne, d’après les dessins de Perino, qui fit mettre les parois en état de recevoir des stucs et des tableaux ; ce travail fut ensuite continué par Daniello Ricciarelli da Volterra. Dans le château Saint-Ange, pour Tiberio Crispo, qui en était gouverneur et qui, dans la suite, devint cardinal, il décora une partie des chambres, entre autres la grande salle qui est d’une beauté remarquable ; elle est couverte de stucs et de sujets tirés de l’histoire romaine, exécutés par les auxiliaires de Perino, et principalement par Marco de Sienne, disciple de Domenico Beccafumi[1].

Quand Perino rencontrait des jeunes gens de talent, il s’en servait volontiers, tout en n’hésitant pas à se charger lui-même des travaux les plus vulgaires. Ainsi, il fit souvent des pennons, des bannières, des pentes de baldaquins, des soubrevestes, des portières. Comme il acceptait toutes les commandes, en se contentant souvent du prix le plus mesquin, il succomba sous le poids du labeur et devint catarrheux et infirme. Jour et nuit, il fallait qu’il travaillât pour le palais, qu’il composât des dessins pour les brodeurs et les chasubliers, et qu’il inventât des ornements de tout genre pour les Farnèse, les autres cardinaux

  1. Ces peintures existent encore.