Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/284

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prince, qui était grand amateur de peinture et qui, plusieurs fois, avait manifesté la volonté de faire richement décorer un palais. Perino, accablé d’infortunes et désirant passionnément quitter Rome, se décida à partir avec Niccola. Il laissa donc sa femme et sa fille à ses parents et se rendit à Gênes où il fut présenté par Niccola au prince Doria, qui l’accueillit avec la plus vive satisfaction. Celui-ci lui fit décorer son palais intérieurement et extérieurement de stucs et de peintures, tant à l’huile qu’à la fresque[1]. La voûte de la deuxième salle représente Jupiter foudroyant les géants ; on voit également dans quatre chambres les plus belles fables d’Ovide. Le Pordenone et Domenico Beccafumi de Sienne prirent par à ces travaux. Ce dernier ne s’y montra inférieur à aucun de ses concurents, bien que ses meilleures productions fussent à Sienne. Perino dessina ensuite la plus grande partie de l’Énéide, avec l’histoire de Didon ; d’après ces dessins, on confectionna des tapisseries. Il fit également des dessins pour des proues de galères, des draperies d’ornement et des bannières ; et le prince lui portait une telle affection que, si Perino était resté à son service, il aurait grandement récompensé son talent. Pendant qu’il travaillait à Gênes, il lui prit fantaisie de rappeler sa femme qui était à Rome et d’acheter une maison à Pise, ville où il avait l’intention de passer ses derniers jours. Messer Antonio di Urbano, fabricien du Dôme de cette ville, lui demanda alors de peindre, près de la porte de la façade et dans un riche cadre déjà en place, un saint Georges tuant le dragon et délivrant la fille du roi. Perino fit d’abord un très beau dessin, d’après lequel une frise d’enfants et d’autres ornements devaient réunir les chapelles, avec des niches renfermant des Prophètes et d’autres sujets. Ce projet ayant plu au fabricien, il débuta par la première chapelle à droite de la porte sus-indiquée, et y termina six enfants très bien exécutés ; l’ornementation devait se continuer de la même manière, ce qui aurait fait un ensemble d’une richesse extraordinaire[2]. Mais Perino retourna à Gênes, où il avait contracté certaines amours, et y demeura plusieurs mois, travaillant pour le prince Doria, et ayant laissé à Pise sa femme Caterina. Comme il ne revenait plus dans cette ville, Sogliani lui fut substitué dans les travaux qu’il avait commencés.

En songeant aux heureux jours qu’il avait passés à Rome, du temps de Léon X, Perino prit en dégoût le séjour de Gênes, malgré les avantages qu’il y avait rencontrés, et finalement il revint à Rome, où il

  1. La plupart de ces peintures existent encore.
  2. La plupart de ces peintures existent encore.