Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/289

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l’église del Carmine, par un autre, dont le haut est occupé par le Père éternel environné d’anges, et le bas par un saint Michel qui vient de précipiter Lucifer dans le gouffre, où l’on découvre des édifices qui brûlent, des cavernes en ruines et un lac de feu où nagent et sont tourmentés des damnés[1].

Un autre tableau de Domenico, chez les religieuses d’Ognissanti[2], représente le couronnement de la Vierge ; dans le bas, sont : saint Grégoire, saint Antoine, sainte Marie-Madeleine et sainte Catherine, vierge et martyre[3]. Il couvrit de fresques la voûte d’une chambre de la maison appartenant à Marcello Agostino ; elles représentent différents sujets de l’histoire ancienne[4]. La beauté de cette œuvre fut cause que Domenico, reconnu pour un excellent peintre par ceux qui gouvernaient alors la République, fut chargé par eux[5] de décorer la voûte d’une salle, dans le palais des Signori. Il représenta des sujets de l’histoire romaine et de l’histoire ancienne, dans les six grands compartiments de la voûte et des parois latérales. Les huit hémicycles sont occupés par les portraits des Romains qui ont défendu la République, ou qui ont observé les lois. Le médaillon central renferme une image de la Justice, et, dans les deux octogones, on voit l’Amour de la patrie et la Concorde. Ces peintures, ainsi qu’un cheval en carton, haut de huit brasses, supporté par une armature en fer et surmonté de la statue de l’empereur armé à l’antique, et l’estoc au poing, que Domenico construisit pour l’entrée de Charles-Quint à Sienne[6], lui donnèrent une telle réputation, que le prince Doria, qui était avec la cour, l’appela à Gênes pour décorer son palais, où déjà Ferino del Vaga, le Pordenone et Girolamo de Trévise avaient travaille. Mais Domenico ne put promettre au prince de se rendre de suite auprès de lui, parce qu’il avait entrepris de terminer une partie du pavé en marbre, commencé jadis, dans la cathédrale, par Duccio, peintre siennois, dans un nouveau mode de travail[7]. Après que les figures et les sujets avaient été dessinés sur le marbre, les contours en étaient creusés au ciseau et remplis d’un enduit noir, avec des ornements de marbres de couleur autour, et il en était de même du fond des figures. Domenico vit, avec beaucoup de jugement, qu’on pouvait considérablement améliorer cette

  1. En place, autel Sani.
  2. Couvent détruit.
  3. Actuellement dans la sacristie de l’église Santo Spirito.
  4. Existent encore, dans le palais Bindi-Sergardi.
  5. Le 5 avril 1629 ; peintures terminées en 1535.
  6. Le 23 avril 1536.
  7. On y travaillait depuis 1517.