Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/291

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ouvrage fut à la fois une étude et un passe-temps pour Domenico, qui ne l’abandonna jamais entièrement, au milieu de ses autres travaux.

Pendant qu’il travaillait ainsi, tantôt là et tantôt ailleurs, il peignit à l’huile, à San Francesco, en entrant à droite dans l’église, un grand tableau représentant la Descente aux limbes[1] ; parmi les figures nues, il y a une Ève très belle ; le larron, qui est derrière le Christ avec la croix, est parfaitement rendu. De même les démons et la grotte des limbes éclairée par des flammes sont pleins d’originalité.

Domenico pensait que la peinture en détrempe se conserve mieux que celle à l’huile ; il disait que les ouvrages de Luca da Cortona, des Pollaiuoli et des autres maîtres qui peignirent à l’huile, étaient plus ternis que ceux de leurs prédécesseurs. Fra Giovanni, Fra Filippo, Benozzo et autres, qui peignirent en détrempe. Aussi résolut-il de peindre en détrempe une Madone accompagnée de plusieurs saints, qu’on lui avait demandée pour l’oratoire de la Compagnie de San Bernardino, sur la place San Francesco. Il fit également à fresque, sur les parois de l’oratoire, la Visitation de la Vierge[2] et la Mort de la Vierge entourée d’Apôtres, en concurrence avec d’autres peintures faites dans cet endroit par le Sodoma. Il se décida enfin à aller à Gênes où il était attendu depuis longtemps par le prince Doria, mais avec grande fatigue, habitué qu’il était à vivre tranquillement et à se contenter du nécessaire ; de plus, les voyages ne le tentaient pas beaucoup, attendu qu’il ne s’était jamais beaucoup éloigné de Sienne, où il avait une petite maison[3], sans compter une vigne située à un mille de la Porta a Camollia, où il allait souvent se délasser. À son arrivée à Gênes, Domenico fit une peinture[4] à côté de celle du Pordenone, que l’on ne saurait ranger cependant parmi ses meilleures. Accoutumé à vivre librement, il trouvait pesant l’air de la cour ; aussi ne tarda-t-il pas à prendre congé du prince et à repartir pour Sienne.

Étant donc rentré dans sa maison avec l’intention de ne plus s’en éloigner, il fit un tableau de la Nativité de la Vierge[5], pour les religieuses de San Paolo, près de San Marco ; la prédelle représente la Présentation au temple, le Mariage de la Vierge et l’Adoration des Mages. Après avoir peint à fresque l’Ascension du Christ[6], dans la

  1. En place.
  2. Restituée à Sodoma, 1537. Le Mariage et la Mort de la Vierge sont de Beccafumi et de Girolamo del Pacchia, 1518.
  3. Qui existe encore, Via de’Maestri : achetée le 30 juin 1545.
  4. Histoire de Jason : les deux peintures sont ruinées.
  5. À l’Institut des Beaux-Arts ; manque la prédelle.
  6. En 1544 ; existe encore, fortement restaurée.