Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/343

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œuvre remarquable qui le fit reconnaître pour excellent peintre, il n’hésita pas à y consacrer plusieurs années. Il y représenta donc plusieurs traits de la vie de sainte Hélène, et sur le tableau principal le Christ descendu de la croix par Joseph, Nicodème et les autres disciples, l’évanouissement de la Vierge tombée dans les bras de Madeleine et des autres Maries[1]. Outre la composition qui est extrêmement riche, le Christ est une excellente figure d’un beau raccourci, les pieds portant en avant et le reste du corps en arrière. Il en est de même des personnages qui, l’ayant décloué, le soutiennent avec des draps, en se tenant sur des échelles, et présentent quelques morceaux de nu remarquablement traités. Ces figures ont des raccourcis aussi beaux que difficiles. Autour de ce tableau, il fit un riche ornement varié de stucs et de deux figures qui portent sur leur tête le fronton ; tandis que d’une main elles soutiennent le chapiteau, de l’autre elles cherchent à y adapter la colonne. La fenêtre qui éclaire la chapelle est placée entre deux sibylles peintes à fresque qui sont les meilleures figures de toute l’œuvre ; la voûte est divisée en quatre compartiments, avec un ornement bizarre et varié de mascarons et de festons en stuc. Les quatre compartiments renferment l’histoire de la Croix et de sainte Hélène, mère de Constantin, à savoir : avant la Passion du Christ, la fabrication des trois Croix ; puis, sainte Hélène enjoignant à des Juifs d’indiquer le lieu où se trouvent les Croix ; sainte Hélène commandant de descendre au fond d’un puits un Juif qui refuse de le dire ; enfin, le même Juif montrant l’endroit où les trois croix sont enterrées. Sur les parois latérales sont représentés quatre autres sujets, deux de chaque côté, séparés par la corniche, à savoir : sainte Hélène faisant sortir d’un puits les trois croix ; la Croix du Sauveur guérissant un malade ; sainte Hélène reconnaissant la vraie Croix dont l’attouchement a ressuscité un mort ; enfin, l’empereur Héraclius, pieds nus et en chemise, portant la croix du Christ, devant laquelle des femmes, des hommes et des enfants agenouillés sont en adoration. Au-dessous, deux femmes peintes en clair-obscur paraissent soutenir ces peintures ; sous l’arc antérieur, on voit les deux figures grandes comme nature de saint Francois de Paule, fondateur de l’ordre qui possède cette église, et de saint Jérôme, habillé en cardinal. Toutes ces peintures, ainsi que le reste de l’ornementation, furent exécutées en sept ans ; elles dénotent un travail opiniâtre, mais aussi un manque de facilité, comme toute peinture traînée en longueur. Lorsque cette

  1. Transporté sur toile ; en mauvais état, peint en 1541.