Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/344

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chapelle fut enfin livrée au public, elle fut extrêmement admirée et valut à son auteur la réputation d’un excellent maître.

Le cardinal Alexandre Farnèse lui fit ensuite peindre une frise dans une salle de son palais, sous un des riches plafonds exécutés sous la direction d’Antonio da San Gallo, avec une peinture sur chacune des parois[1]. Il y représenta un Triomphe de Bacchus, une Chasse et d’autres semblables sujets, dont le cardinal fut très satisfait ; il figura, en outre, dans la frise, en plusieurs endroits et sous divers aspects, une Licorne au giron d’une Vierge, emblème de cette illustre famille. Cet ouvrage fut cause que le cardinal, qui a toujours aimé les hommes de talent, le favorisa et aurait encore fait plus pour lui si Daniello n’avait pas été si lent dans son travail. Ce n’était d’ailleurs pas de sa faute, car tel l’avait doué la nature, et il préférait faire peu et bien, que beaucoup et moins bien.

L’an 1547, Ferino del Vaga étant mort et ayant laissé inachevée, dans le Vatican, la Salle des Rois, qui précède les chapelles Sixtine et Pauline, grâce à l’entremise d’amis et de seigneurs, particulièrement de Michel-Ange, Daniello reçut du pape Paul III la place de Ferino, avec le même traitement. Il devait peindre, dans cette salle, et dans des niches, les rois qui ont défendu l’Église apostolique, et sur les parois quelques épisodes de la vie de ces bienfaiteurs de l’Église, en sorte qu’il y aurait eu six niches et six panneaux. Mais il ne fit en tout que deux des rois, et commença un des panneaux, dont il ne peignit pas plus de deux brasses. Bien qu’il fût pressé par le cardinal Farnèse et par le pape, sans penser que la mort arrête souvent les projets des humains, il tira l’œuvre tellement en longueur, qu’à la mort du pape, en 1549, il n’y avait de fait que ce que nous venons de dire. Le conclave devant avoir lieu dans cette salle, il fallut jeter à terre tous les échafaudages qui l’encombraient, et livrer aux regards du public l’ouvrage de Daniello ; les stucs furent admirés comme ils le méritaient, mais les deux figures de rois n’eurent pas un égal succès, comme ne correspondant pas en bonté aux peintures della Trinità, et l’on estima que Daniello, avec une si bonne place et de pareils appointements, avait plutôt reculé qu’avancé[2].

Un nouveau pape ayant été ensuite élu en 1550, sous le nom de Jules III, Daniello se mit en avant et fit agir ses amis, pour conserver son traitement et continuer les peintures de cette salle ; mais le pape,

  1. Ces frises existent encore.
  2. L’ornementation de cette salle existe encore.